2013-10-19 20:32:07

Journée missionnaire mondiale : Sœur Alice au secours des enfants de RDC


Dimanche 20 octobre est la journée missionnaire mondiale. L'occasion de mettre en lumière une action missionnaire. Nous avons choisi celle de Sœur Alice Bangnindong. D’origine ghanéenne, elle est missionnaire de Notre-Dame d’Afrique depuis l’an 2000 à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, où elle travaille à l’ORPER, l'Œuvre pour la réunification des enfants de la rue.

Loin des conflits qui minent le nord-est de la RDC, Kinshasa la capitale concentrent d’autres maux : pauvreté, chômage, exclusion. De nombreux enfants sont livrés à eux-mêmes dans les rues de la capitale congolaise. Au-delà de la pauvreté, les enfants sont souvent rejetés pour des questions culturelles, liées entre autres à l’explosion des sectes et de la sorcellerie.

De passage à Rome, Sœur Alice a livré son témoignage à Olivier Bonnel RealAudioMP3

« Une chose très grave pour moi, ce sont les sectes, cette croissance des sectes et des églises qui poussent comme des champignons et souvent ce sont les pasteurs qui accusent facilement les enfants de sorcelleries. Ils passent sur une avenue et ils disent tout à coup « cet enfant je le vois il est possédé, il faut le délivrer » et les enfants se laissent faire, » raconte sœur Alice.
Mais qu’arrive-t-il aux enfants accusés ? « qu’ils soient accusés par le pasteur ou même par sa famille, l’enfant est amené dans l’Eglise et là il est obligé de jeûner parfois pendant un jour ou trois jours et vous imaginez un enfant de trois ans ou quatre ans jeuner même une seule journée ? Est-ce qu’il va s’en sortir ? »

Jeûne forcé et torture

Outre le jeûne forcé, la religieuse explique que les enfants sont soumis à des actes de torture, car selon « ces églises-là » avant de pourvoir délivrer un enfant, il faut que ce dernier confesse qu’il est un sorcier. « A cause de ça, il y a beaucoup d’enfants dans la rue », conclut-elle.

Des enfants sont ainsi accusés par des pasteurs sans motif apparent, mais aussi par leurs parents. Pour quelles raisons ? Sœur Alice affirme qu’ils paient souvent tous les maux et dysfonctionnement de la société. Elle cite plusieurs exemples : le père qui perd son emploi, la mère qui ne parvient pas à avoir un second enfant, un décès dans la famille…

Les enfants sont des cibles faciles

« Pour moi, explique sœur Alice, ce sont des êtres humaines faibles et il ne peuvent pas se défendre ». Elle souligne par ailleurs le fait que des enfants qui ont des pathologies cliniques, des problèmes psychologiques sont également désigné comme sorcier. « Parfois tu as la chance de convaincre que l’enfant souffre d’une maladie et on peut le soigner », mais dans d’autres cas, ils ne verront jamais un psychologue.

Afin d’aider les enfants accusés de sorcellerie, l’association de Sœur Alice a d’abord créé des centres d’accueil, « des milieux ouverts », où l’enfant peut parler. « La première chose, c’est d’écouter », dit-elle. Dans chaque centre, se trouve ainsi des éducateurs sociaux, « pour les garçons et pour les filles ». En écoutant les enfants se livrer, ces éducateurs tentent de connaitre l’identité de celui que se confie et l’adresse de ses parents proches ou de sa famille élargie.

Comment les réinsérer ?

Ils demandent ensuite à l’enfant s’il accepterait d’être accompagné chez lui pour que l’éducateur puisse parler à ses parents. Si l’enfants accepte, il est amené dans sa famille et l’association de sœur Alice assure un suivi, voire paie des frais de scolarité « pour un temps ». Il arrive en effet que l’enfant soit accusé de sorcellerie, car les parents ne peuvent plus s’en occuper en raison de difficultés économiques.
« Pour les enfants que nous n’arrivons pas à réintégrer dans leurs familles, nous avons des cours d’alphabétisation sur place. Ceux que cela intéresse, on les inscrit dans des écoles régulières. Cela fait partie de la réinsertion ».







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