Le Pape : "sans la prière, on tombe dans l'idéologie et le moralisme"
Si un chrétien « devient disciple de l’idéologie, il a perdu la foi”. C’est le Pape
François qui met en garde contre ce danger d’une attitude du chrétien avec « clé en
poche et porte fermée », et rappelle que lorsque l’on ne prie pas, on abandonne la
foi et l’on tombe dans l’idéologie et dans le moralisme. Une mise en garde exprimée
jeudi matin dans l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte
Marthe au Vatican.
Le Pape est parti de l’Evangile du jour, de Saint Luc, où
Jésus fait des reproches aux docteurs de la Loi : « Malheureux êtes-vous, docteurs
de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n'êtes
pas entrés, et ceux qui essayaient d'entrer, vous les en avez empêchés. » Le Pape
a actualisé cette mise en garde. « Quand nous sortons dans la rue et que nous nous
trouvons devant une église fermée, déclarait-il, on nous donne des explications qui
ne sont que des prétextes, mais la réalité reste que l’église est fermée, et que les
gens qui passent devant ne peuvent entrer ». « Pire encore, le Seigneur qui est à
l’intérieur ne peut sortir ».
Avoir la clé en poche et ne pas ouvrir la
porte
« Aujourd’hui, a poursuivi le Pape, Jésus nous parle de cette « image
de la fermeture, l’image de ces chrétiens qui ont en main la clé, mais l’emportent,
et n’ouvrent pas la porte ». « Pire encore, ils restent devant la porte et ne laissent
personne entrer », et « de la sorte, eux-mêmes n’entrent pas ». « Le manque de témoignage
chrétien, ajoutait-il, arrive à ce résultat et quand ce chrétien est un prêtre, un
évêque ou un Pape, c’est bien pire ». Et le Pape de s’interroger alors sur cette «
l’attitude du chrétien avec la clé en poche et la porte fermée ».
« La foi
passe, pour ainsi dire, par un alambic et devient idéologie. Et dans les idéologies,
Jésus n’a pas sa place : on ne trouve pas sa tendresse, son amour, sa douceur. Les
idéologies sont toutes rigides, toujours. Et quand un chrétien devient le disciple
de l’idéologie, il a perdu la foi: il n’est plus disciple de Jésus. » « C’est ce que
Jésus dit aux docteurs de la Loi : ‘vous avez emporté la clé de la connaissance’.
La connaissance de Jésus est transformée en une connaissance idéologique et moraliste,
parce que ces docteurs de la Loi fermaient la porte avec précision ».
Ne
pas être des chrétiens rigides, moralistes, sans bonté
Et le Pape de dénoncer
alors le « processus spirituel et mental » de ceux qui veulent la clé en poche et
la porte fermée. « La foi devient idéologie et l’idéologie fait peur, éloigne les
gens, éloigne l’Eglise des gens ». « C’est une maladie grave que celle des chrétiens
pris par l’idéologie » « Mais ce n’est pas nouveau, car déjà l’apôtre Jean, dans sa
première Epître, parle de cela. Les chrétiens qui perdent la foi et préfèrent les
idéologies. Ils deviennent rigides, moralistes, mais sans bonté. » Le Pape François
devait alors rendre l’absence de prière responsable de cette dérive, que le « chrétien
en question soit un simple fidèle, ou un prêtre, un évêque, même un pape ». « S’il
n’y a pas la prière, tu fermes toujours la porte ».
« La clé qui ouvre la porte
à la foi, a ajouté le Pape, c’est la prière ». « Si un chrétien ne prie pas, son témoignage
est rempli de superbe ». « Celui qui ne prie pas est un orgueilleux, il manque d’humilité,
et ne cherche que son édification personnelle ». « Par contre, si un chrétien prie,
il ne s’éloigne pas de la foi, il parle avec Jésus ». Et le Pape de préciser : « Je
parle de prier, pas de dire des prières, parce que ces docteurs de la Loi récitaient
beaucoup de prières, mais pour se faire voir. » « Et quand on réprimande une personne
qui est tombée dans ce travers, nous avons la même réaction que les docteurs de la
Loi, dans l’Evangile : Jésus était à peine parti, que les scribes et les pharisiens
commencèrent à parler mal de lui ».
Le Pape mettait en relief alors leur hostilité,
leur manque de transparence, leur orgueil, et demandait à Dieu la grâce que « nous
ne cessions jamais de prier, de ne pas perdre la foi, de rester humbles, sans nous
fermer, et sans fermer le chemin au Seigneur ».