2013-10-16 16:39:20

Soeur Eugenia Bonetti, Prix de la Citoyenneté européenne


Pour son engagement contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes, Sœur Eugenia Bonetti reçoit cette année le prix de la citoyenneté européenne. Le prix décerné à la missionnaire de l’Ordre de la Consolata, présidente de l’association « Slaves no more », lui a été remis mardi lors d’une cérémonie officielle à Bruxelles.

Dans un entretien accordé à notre consœur Elvira Ragosta, la religieuse explique en quoi le phénomène de la traite des êtres humains, et en particulier de l’exploitation sexuelle, en Europe, est préoccupant.

R.-De’98 à aujourd’hui, nous, en Italie, nous avons réussi à récupérer plus de seize mille femmes. Ça n’a pas toujours été possible de coopérer avec les autres Pays européens en raison de la législation, de la répression et du rapatriement forcé. Maintenant, les choses sont en train d’un peu changer : nos Congrégations en Italie ont été réellement parmi les premières à ouvrir les portes des couvents pour les accueillir. Nous avons ensuite cherché de nous mettre en contact avec les religieuses des Pays d’origine. En ce qui nous concerne, le Pays avec lequel nous avons le plus collaboré est le Nigéria car l’Italie a une forte présence de nigérianes et ensuite viennent les filles de l’Europe de l’Est.

Q.- L’Association « Slaves no more » ( plus jamais esclaves) aide les femmes victimes de la prostitution à retourner dans leurs pays d’origine. Comment suivez-vous ces rapatriements ?

R.- Nous réalisons ces rapatriements assistés à travers un projet de réintégration sociale et de travail, en collaboration avec l’Usmi et avec la Caritas italienne, et grâce aux fonds que nous recevons de la Conférence épiscopale italienne. Nous avons un réseau au niveau international dénommé « Talità Kum » qui est pris en considération par les Congrégations internationales féminines, l’Uisg. Et nous avons créé ce réseau en Europe qui s’appelle « Renate » : il s’agit de religieuses qui travaillent en réseau contre la traite d’êtres humains et contre l’exploitation sexuelle. Nous insistons beaucoup sur le fait que ce sont vraiment les clients qui favorisent, alimentent et soutiennent la prostitution. Il faut véritablement ouvrir un chapitre et dire ce que nous pouvons faire car si nous demandons à l’Europe, à l’Italie de faire des lois, les lois c’est très bien-il en faut-mais nous devons vraiment nous réapproprier une culture de respect, de dignité, de relation. Il y a ici un grand travail à réaliser dans lequel nous sommes réellement tous impliqués pour redonner à ces personnes la dignité, la liberté, l’identité et aussi la légalité.

Q.- Ceci est donc un Prix très significatif ?

R.- Ce Prix ne m’est pas attribué personnellement, il est offert à toutes ces religieuses qui jour après jour peinent dans les maisons d’accueil. Nous en avons une centaine en Italie : de petites maisons familiales pour aider ces personnes à reconstruire leur vie, leur réalité. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer le Pape. Nous lui avons demandé qu’un jour de l’année soit dédié à la réflexion et à l’attention sur l’exploitation sexuelle des êtres humains. Ceci l’a beaucoup touché et à un certain moment il nous a demandé : « Mais que suggérez-vous ? « Nous avons répondu : « le jour de Sainte Bakhita car elle était une esclave. »








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