Des systèmes alimentaires durables au service de la sécurité alimentaire et de la
nutrition. Il s’agit du thème choisi par la FAO pour célébrer la Journée mondiale
de l’alimentation ce mercredi. Journée qui marque aussi l’anniversaire de la fondation
de l’organisation en 1945.
Le but de cette Journée chaque année: faire mieux
prendre conscience au public de la nature du problème de la faim dans le monde; encourager
tous les pays à porter davantage d’attention à la production agricole et favoriser
un effort accru dans ce sens sur le plan national, bilatéral, multilatéral et non
gouvernemental; promouvoir le transfert des technologies dans le Tiers-monde; renforcer
la solidarité aux niveaux national et international pour lutter contre la faim, la
malnutrition et la pauvreté, et attirer l’attention sur les résultats obtenus en matière
de développement alimentaire et agricole; encourager la participation de la population
rurale, plus particulièrement des femmes et des catégories les plus défavorisées aux
décisions et aux mesures intéressant leurs conditions de vie; encourager la coopération
économique et technique entre les pays en développement.
Le slogan cette année
: « la santé des populations dépend de systèmes alimentaires sains ». Une évidence
? Pas vraiment, selon Charlotte Dufour, conseillère en sécurité alimentaire
et nutrition au sein de la FAO.
« On voit
une situation, bien qu’il y a des progrès dans la lutte contre la faim, en même temps
l’obésité, le surpoids, les maladies chroniques augmentent de façon alarmante dans
les pays en voie de développement et développés. Après, du coté des systèmes alimentaires
et notamment des agro-écosystèmes on voit une détérioration des ressources naturelles,
une perte en biodiversité, des situations de surpêche. Donc en effet cela paraît évident
mais malheureusement ca ne l’est pas du tout et on a des problèmes du coté de la santé
et de la pérennité de nos systèmes alimentaires qu’il faut absolument prendre en main.»
Mais
justement, un système alimentaire sain, qu’est-ce que c’est ?
« Un système
alimentaire qui prend en compte les besoins de l’environnement donc qui ne soit pas
dans une surexploitation, qui ne soit pas dans une utilisation excessive de pesticides
qui peuvent ensuite contaminer les sources d’eau et la terre, qui ne nuit pas aux
nutriments dans le sol, qui préservent l’équilibre entre faune et flore et qui en
conséquence aussi permet à l’homme de se nourrir correctement. Et cela implique de
travailler à toutes les étapes du système alimentaire donc à la fois sur le type de
semence et d’intrant qu’on va utiliser jusque la production mais aussi la transformation,
le stockage, le transport jusqu’à la distribution et notre assiette. »
Concrètement
tout ce qui touche à l’environnement comme la pollution par exemple a une incidence
directe sur notre alimentation et notre santé du coup ?
« Oui à deux niveaux
il y a des effets sur la santé par l’utilisation d’intrants chimiques qui, s’ils ne
sont pas évacués avant que ca arrive dans notre assiette, peuvent avoir un impact
sur notre santé mais aussi un élément très important dans beaucoup de pays surtout
à revenus faibles, ce sont des problèmes de diversité alimentaire. Et on a beaucoup
de politiques agricoles qui sont orientées vers la maximisation de la production de
céréales parfois au prix d’une perte en biodiversité or c’est dans la diversité des
aliments que l’on va trouver l’ensemble des nutriments, des protéines, des minéraux
et des vitamines dont nous avons besoin pour être en bonne santé. Donc si on n’a pas
une diversité dans le champ, dans le système de production et de distribution, on
manquera de diversité dans l’assiette et ça c’est un problème pour beaucoup de familles
dans les bidonvilles où il y a de grandes populations pauvres. »