Une nouvelle traduction pour le « Notre Père » français
Le « Notre Père » sera légèrement modifié dans sa traduction française en usage depuis
1966 dans l'Église catholique, a annoncé mardi la conférence des évêques de France,
après 17 ans de travail. Une version qui n’entrera pas en vigueur avant 2014 dans
les lectionnaires, et pas avant 2015 dans les missels.
Dans la nouvelle traduction
destinée au monde francophone, qui a été validée par le Vatican, la supplique « ne
nous soumets pas à la tentation » deviendra « ne nous laisse pas entrer en tentation
». La supplique donnait en effet à penser que c’était Dieu qui tentait le fidèle pour
l'éprouver.
Le Créateur, loin de pousser le pêcheur sur la pente glissante
du péché, comme beaucoup de catholiques l'ont intimement perçu, s'érigera en protecteur
bienveillant, le retenant pour qu'il ne commette pas la faute.
Une traduction
confuse…
Une nouvelle édition de la Bible liturgique, réalisée sous la
houlette de l'assemblée épiscopale liturgique pour les pays francophones, et disponible
en France le 22 novembre, tiendra compte de ce changement, qui sera progressivement
introduit dans les autres livres officiels, a indiqué mardi à l’AFP Mgr Bernard Podvin,
porte-parole de la Conférence des évêques de France.
La correction apportée
au « Notre Père », si elle ne dépasse pas une ligne, est d'une importance majeure
pour les catholiques. Depuis près de 50 ans, la formule « ne nous soumets pas à la
tentation » apparaissait « non pas défectueuse, mais confuse », selon Mgr Podvin.
« Cette nouvelle traduction met davantage l’accent sur la communion avec le Christ
qui a connu la tentation » explique le porte-parole de la CEF au quotidien français
La Croix. « Demander au Père de ne pas nous laisser entrer en tentation, poursuit
Mgr Podvin dans le journal, c’est Lui demander la force de combattre et d’écarter
complètement la tentation comme le Fils l’a fait. »
…voire perverse
Pour
les Chrétiens, Dieu est « infiniment bon et source de toute bonté ». La possibilité
qu'il puisse soumettre, donc entraîner, mettre sur la voie, appâter, tenter l'Homme
par le mal, cela paraissait passablement pervers. Pire : pour les croyants, ce rôle
est dévolu au démon tentateur, à Satan. En outre, pour eux, Dieu laisse à l'homme
la liberté de décider. Autrement dit, Il est censé être neutre et ne l'influer ni
dans un sens, ni dans l'autre. Enfin, soumettre à la tentation une créature qui sera
par la suite contrainte de Le supplier pour se racheter, est assez paradoxal.
«
Notre Père » figure dans les Evangiles selon Saint Matthieu et Saint Luc et sa première
version a été écrite en grec ancien, d'où découlent toutes les traductions. Il s’agit
de la seule prière que Jésus a transmise à ses disciples. L'actuelle version française,
adoptée après un compromis œcuménique passé en 1966, après la fin du concile Vatican
II, avec les orthodoxes et les protestants, est restée sujette à débat. Certains orthodoxes
et certains protestants avaient opté pour d'autres formulations.