2013-10-14 15:48:00

En Malaisie, le mot "Allah" appartient aux musulmans


En Malaisie, la justice a rendu son verdict : les non-musulmans n’ont pas le droit d’employer le mot « Allah » pour désigner Dieu. Ce lundi, la cour d'appel de Putrajaya, la capitale administrative du pays, a pris le parti du gouvernement contre un avis de justice datant de 2009 et qui avait permis au journal catholique, The Herald, de reprendre sa publication après plusieurs mois d’interdiction, et d’utiliser le mot « Allah ». C'est aujourd’hui un retour à la case départ pour l’hebdomadaire diocésain. Les explications de Marie Duhamel RealAudioMP3

Les chrétiens n’utiliseront plus le mot Allah à l’avenir. Un panel de trois magistrats l’a exclu s’appuyant sur deux arguments. D’abord, disent-ils : « l'usage du mot Allah (par le journal chrétien) sèmera la confusion dans la communauté ». Deux manières d’interpréter cela pour la presse internationale. Ou les juges redoutent de voir comme en 2009 des églises brûlées par une frange de musulmans radicaux ou ils reprennent là à leur compte les craintes déjà formulées par le gouvernement malais : que les chrétiens se servent du mot Allah pour convertir des musulmans. En tout cas pour les juges, la préservation de la paix et de l'harmonie dans le pays est un plus grand bien que le respect des droits des minorités religieuses.

Second argument avancé par les magistrats : l'usage du nom Allah (qui rappelons-le, en malais veut dire Dieu) ne fait pas partie intégrante de la foi chrétienne. Faux répond le père Lawrence Andrew, le fondateur de the Herald: « C’est une façon malheureuse de voir les choses. On ne peut pas dire, comme ils essaient de le faire, que Dieu n’est pas une partie intégrante de la foi chrétienne… Dieu est une partie intégrante de toutes les religions. S’il n’y a pas Dieu, qu’est-ce qu’on entend par religion »

Les chrétiens de Malaisie utilisent le mot Allah depuis 400 ans ! Et un antique dictionnaire latin-malais, publié par la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples en 1631 en est la preuve. Le père Andrew déplore un verdict injuste et portant atteinte aux droits des chrétiens alors que la constitution garantit le droit à la liberté religieuse et à la liberté d’expression. Pour l’instant la portée de ce jugement est limitée à la publication de l’"Herald" et ne concerne ni la Bible ni les liturgies chrétiennes, mais pour encore combien de temps. Le père Andrews redoute un glissement vers un islam politique: « à la vitesse à laquelle ça va, nous serons bientôt un pays musulman avec la charia pour loi ».

Et pour contrer ce phénomène, le journal catholique ne s’avoue pas vaincu. Finalement soutenu par les autres églises chrétiennes, The Herald a annoncé qu’il ferait appel du jugement rendu ce lundi devant la cours suprême du pays. En attendant, l’hebdomadaire devra utiliser le mot « Seigneur » à la place du mot « Dieu ».







All the contents on this site are copyrighted ©.