Un prêtre libanais rattrapé par ses délits sur mineures
Mgr Mansour Labaky, jusqu'à encore récemment vicaire épiscopal du diocèse maronite
de Beyrouth, a été interdit par décret de toute célébration et intervention publiques
par la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi, rapporte le quotidien français
"La Croix" le 7 octobre 2013. Le célèbre prêtre maronite âgé de 73 ans, connu bien
au-delà des frontières libanaises, a été condamné notamment pour abus sexuel sur mineures.
L'information
concernant cet ancien curé de la ville martyre de Damour - célèbre à l'étranger pour
ses talents de musicien et d'écrivain, et son engagement auprès des enfants orphelins
de guerre au Liban – circulait depuis longtemps sur internet. Elle a été reprise par
la presse libanaise le 8 octobre, notamment par le quotidien "L'Orient-Le Jour". Le
Père Mansour Labaky "a rejoint la douloureuse liste de prêtres condamnés pour pédophilie",
écrit pour sa part "La Croix".
L'ultime recours rejeté
Condamné
en première instance par décret de la Congrégation pour la doctrine de la foi du 23
avril 2012, Mgr Labaky avait fait appel, mais son ultime recours a été rejeté par
Rome le 19 juin dernier. Il a été reconnu coupable d’abus sexuels sur trois mineures,
ainsi que de "crime de sollicitation (sexuelle, ndlr) à l’occasion de la confession
à l’égard d’une victime". Les peines imposées au Père Labaky sont: la vie de prière
et de pénitence prévue par le canon 1426 du Code des canons des Eglises orientales,
la privation de son office ecclésiastique, la défense de célébrer les sacrements en
public et d'une quelconque forme de direction spirituelle, de prendre part à tout
genre d'activité publique ou dans les medias (conférences, interviews radio ou télévisées,
déclarations sur internet, célébrations liturgiques, etc.) et d'avoir des contacts
avec les victimes.
Mgr Mansour Labaky, fondateur du mouvement spirituel
"LoTedhal" (Ne crains pas), avait créé l'orphelinat "Notre-Dame de la Joie", en 1977,
un an après le massacre de la ville chrétienne de Damour, dont il était le curé, le
20 janvier 1976. Cette localité, à près de 20 km au sud de Beyrouth, a subi une destruction
totale, avec ses églises et ses écoles. 582 personnes ont alors trouvé la mort à Damour,
des civils, des femmes, des enfants, massacrés par les troupes "palestino-progressistes"
qui avaient pris la ville avec l’aide de la "Saïka", un groupe palestinien d’obédience
syrienne, et des "Mourabitoune", des combattants se réclamant de l’idéologie nassérienne.
Tout
avait commencé après le massacre de Damour
"Ma paroisse avait disparu,
mais j’ai senti alors le souffle de l’Esprit: j’ai créé un mouvement baptisé en araméen
’LoTedhal’ (Ne crains pas). L’aide aux orphelins de Damour a été le déclic. J’ai recueilli
des fratries dont les parents avaient été tués, sans distinction. J’ai créé des foyers
pour les orphelins - Notre-Dame de la Joie, Notre-Dame du Sourire -, qui accueillent
des chrétiens maronites, grecs-orthodoxes, melkites, des musulmans sunnites, des chiites…",
confiait-il à l'Apic lors de son passage remarqué à Fribourg en novembre 2010, lors
de la traditionnelle rencontre "Prier Témoigner".
Fondateur de la chorale des
"Petits Chanteurs du Liban", Mansour Labaky s’était attelé à la réalisation de "Kfar
Sama", le Village de la Paix, situé dans la montagne, à 1’200 m d’altitude, à 2 kilomètres
du sanctuaire de Saint-Charbel, le "Lourdes" du Liban. Il avait fondé à Douvres-la-Délivrande
(Calvados), en 1990, le Foyer Sainte-Marie-Enfants du Liban, où étaient accueillis
pour l’année scolaire des orphelins libanais chrétiens et musulmans, et, en 1995,
Notre-Dame du Sourire, à Mansourieh, au Liban, expériences qui avaient pris fin en
2011. (Apic)