CCEE : l’Eglise face au défi de la laïcité et du laïcisme
« Dieu et l’Etat, l’Europe entre laïcité et laïcisme » : c’est le thème de l’assemblée
plénière du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) qui s’est tenu cette
semaine à Bratislava en Slovaquie. Les évêques venus des quatre coins du continent
ont pu débattre de ce sujet particulièrement d’actualité. Parmi eux, Mgr Jean-Claude
Hollerich, l’archevêque de Luxembourg. Il a appelé à ce que l’Eglise ne se replie
pas sur elle-même
«
Nous ne devons pas être une forteresse dans la forteresse. L’Eglise étant soumise
à tant d’attaques de toutes parts, elle pourrait être tentée par devenir une forteresse.
Or nous devons avoir une claire identité basée sur notre foi, une foi qui doit être
vécue dans notre quotidien et éveille l’espérance. L’espérance est d’ailleurs un mot
clé, » a déclaré le prélat luxembourgeois.
« Nous avons aussi besoin de mettre
nos forces en commun. Nous avons par exemple des gens qui s’engagent en politique
et qui ont besoin de formation. » Dans cette prise de conscience, le fait d’avoir
un pape argentin peut être un bien. « Il parle au cœur des gens et il éveille en eux
la foi et l’espérance. L’Europe est essoufflée, l’Europe est fatiguée, elle n’est
plus depuis longtemps le centre du monde. C’est donc une bonne chose qu’un pape non
européen arrive avec de nouvelles idées pour féconder la terre chrétienne de l’Europe
».
Autre évêque présent à Bratislava cette semaine, Mgr Youssef Soueif,
l’archevêque de Chypre des maronites. Il revient sur les défis que doit relever
l’Eglise et les chrétiens par rapport à la laïcité et au laïcisme, et notamment les
chrétiens du Proche-Orient qu’il connait particulièrement bien
Si la séparation
de l’Eglise et de l’Etat n’est pas dérangeant en soi, Mgr Soueif ne veut pas voir
« une Eglise en-dehors du monde. D’abord parce que notre foi est basée sur l’incarnation.
Ensuite l’Eglise est là pour rendre service à l’homme comme l’Etat quand il est basé
sur les droits de l’Homme. Les deux sont complémentaires ».
Concernant le
Proche-Orient où cette division entre l’Etat et la religion n’existe pas, le devoir
de l’Eglise selon l’archevêque maronite, est d’aider à ce que les deux soient complémentaires.
« Le citoyen est un être religieux. Et je pense particulièrement aux chrétiens qui
doivent participer à la vie sociale, politique, économique et culturelle. »
Propos
recueillis par Mario Galgano, de la rédaction germanophone
Photo
: Mgr Youssef Soueif, l’archevêque de Chypre des maronites lors d'une messe à Chypre