2013-10-03 12:59:59

Cinquante ans après Pacem in Terris, le Pape souligne toute sa pertinence


Le pape François a reçu en audience ce jeudi au Vatican les participants aux trois journées (2-3-4 octobre) célébrant le cinquantenaire de l’encyclique Pacem in Terris du pape Jean XXIII. Le Saint-Père a d’ailleurs indiqué que « la Providence a voulu que cette réunion ait lieu juste après l'annonce de sa canonisation ». Il s’est ensuite attardé sur le contexte dans lequel a été publiée l’encyclique- en pleine « guerre froide » - tout en soulignant sa grande actualité.

« À la fin de l’année 1962, l'humanité se trouvait sur le seuil d'une guerre mondiale nucléaire, et le pape lança un appel dramatique et sincère en faveur de la paix, en s’adressant à tous ceux qui détenaient le pouvoir. C'était un cri adressé aux hommes, mais aussi une supplique tournée vers le Ciel. Le dialogue qui a alors débuté laborieusement entre les principaux blocs a conduit, a indiqué le pape François, durant le pontificat de Jean-Paul II, au dépassement de cette phase et à l'ouverture d'espaces de liberté et de dialogue. Les graines de la paix lancées par le bienheureux Jean XXIII ont porté leurs fruits ».

Pourtant, précise le Souverain Pontife, même si les murs et des barrières sont tombés, le monde continue d'avoir besoin de la paix et l'appel de Pacem in Terris reste d’une grande actualité. Mais quel est le fondement de la construction de la paix ? Pacem in Terris, affirme le Saint-Père, rappelle qu’il consiste en l'origine divine de l'homme, de la société et de l'autorité elle-même , qui sous-tend un engagement des individus, des familles, des différents groupes sociaux et des États à vivre des rapports de justice et de solidarité. « Construire la paix, en suivant l'exemple de Jésus-Christ, est donc la tâche de tous les hommes ». Et le pape indique deux chemins à suivre : « promouvoir et pratiquer la justice avec vérité et amour et contribuer, chacun selon ses capacités, au développement humain intégral, selon la logique de la solidarité ».

Œuver en faveur de la justice et de la solidarité

Le pape pose alors son regard sur la société actuelle et s’interroge « avons-nous compris la leçon de Pacem in Terris ? Je me demande si les mots justice et solidarité sont seulement dans notre dictionnaire ou si tous nous œuvrons pour qu’ils deviennent réalité. L'encyclique du Bienheureux Jean XXIII nous rappelle clairement qu'il ne peut y avoir de véritable paix et harmonie si nous ne travaillons pas en faveur d’un monde plus juste et solidaire, si nous ne surmontons pas l'égoïsme, l'individualisme, les groupes d'intérêt, et ce, à tous les niveaux ».
Le Saint-Père rappelle alors que Pacem in Terris met en évidence « la valeur de la personne, la dignité de chaque être humain, qu’il faut toujours promouvoir, respecter et protéger ».

Et, précise-t-il en citant Jean XXIII, il ne s’agit pas seulement de garantir les principaux droits civils et politiques, mais il faut aussi offrir à chacun la possibilité d’accéder véritablement aux biens essentiels que sont : la nourriture, l'eau, les soins de santé, l'éducation, le logement et la possibilité de créer et soutenir une famille. Ce sont les objectifs qui ont une priorité absolue au niveau de l’action nationale et internationale et qui en mesurent la bonté. « De ces objectifs dépend une paix durable pour tous, affirme le pape, en rappelant qu’il est important d’accorder une place aux différentes associations et organismes qui, dans la logique de la subsidiarité et dans un esprit de solidarité, poursuivent de tels objectifs » .

Cinquante ans après Pacem in Terris interroge le Saint-Père « ces objectifs se reflètent-ils dans l'évolution actuelle de nos sociétés ? ». L’encyclique « n’entendait pas affirmer qu’il était du devoir de l'Eglise de donner des indications concrètes sur des questions qui, dans leur complexité, doivent être laissées à la libre discussion ». Concernant les questions politiques, économiques et sociales, ce n’est pas le dogme qui doit indiquer les solutions pratiques , mais plutôt le dialogue, l'écoute, la patience, le respect, la sincérité, et aussi la volonté de revoir sa propre opinion. L’appel à la paix du pape Jean XXIII en 1962 visait à orienter le débat international sur ces vertus.

Le modèle actuel de développement doit être repensé

Le pape François invite alors les participants aux trois journées célébrant le cinquantenaire de Pacem in Terris à s’imprégner des principes fondamentaux de l’encyclique pour réfléchir durant leurs travaux à l'urgence éducative, l'influence des médias sur les consciences, l'accès aux ressources, l'utilisation bonne ou mauvaise des résultats de la recherche biologique, la course aux armements ou encore les mesures de sécurité nationale et internationale.

La crise économique mondiale, qui est un symptôme grave du manque de respect pour l'homme et pour la vérité, à l'origine de décisions des gouvernements et des citoyens, nous le dit clairement. Pacem in Terris trace une ligne qui va de la paix à construire dans le cœur des hommes à une facon de repenser notre modèle de développement et d'action à tous les niveaux, pour que notre monde soit un monde de paix. « Je me demande si nous sommes prêts à accepter cette invitation » a conclu le pape.







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