Un Belge âgé de 44 ans a été euthanasié lundi après une opération de changement de
sexe qui a échoué, son médecin ayant estimé que ses souffrances psychiques étaient
devenues insupportables. Le corps médical a été autorisé à lui donner la mort.
"Une pente glissante"
En Belgique, l'euthanasie est légale
depuis 2002. Le dispositif législatif belge, un des plus libéraux de la planète, permet
de justifier presque toutes les situations d’euthanasie et les statistiques font état
d’une progression régulière du nombre d’actes. 2 % des décès en Belgique sont aujourd’hui
des euthanasies. Pour avoir recours à l'euthanasie, en Belgique, la personne doit
présenter une affection grave et incurable qui lui cause des souffrances pouvant être
d'ordre psychique ou physique.
Dans une lettre ouverte publiée par La Libre
Belgique, quatre médecins mettent en garde contre une «pente glissante». D’autant
que le débat sur l'euthanasie n'est pas clos puisque le parlement belge doit examiner
son extension aux mineurs capables de discernement et aux adultes souffrant de démence
de type Alzheimer ou vasculaire grave. Selon un sondage publié dans la Libre Belgique
et diffusé par la RTBF, la grande majorité des Belges approuvent ces évolutions.
L'Eglise
catholique fait entendre sa voix
Au mois de mars, les évêques catholiques
de Belgique s’étaient prononcés contre un tel élargissement. Mgr Léonard, archevêque
de Malines-Bruxelles, avait jugé étrange que les mineurs soient considérés comme légalement
incapables de certains actes, mais suffisamment mûrs pour se faire donner la mort.
« Plutôt que de résoudre la question du bien mourir en laissant chacun organiser sa
sortie de scène – s’était-il interrogé – n’est-il pas plus humain d’être tous solidaires
de l’épreuve de chacun ? ». Les évêques de Belgique avaient appelé les législateurs
à rompre avec une logique qui, d’une certaine façon, euthanasie le lien social lui-même.
Cette affaire a relancé le débat sur les limites de l’euthanasie. « On
assiste à une banalisation et on travaille médiatiquement l’opinion pour justifier
une prochaine extension de la loi aux mineurs », estime Carine Brochier de l’Institut
européen de bioéthique, citée par le quotidien La Croix. Alors que la France doit
réexaminer sa loi sur la fin de vie, des voix s’élèvent pour alerter contre une telle
banalisation, une fois qu’a été levé l’interdit de donner la mort.