Sant'Egidio : « enlever le mot de Dieu de la bouche des terroristes »
Trois journées intenses de tables rondes, d’échanges formels mais surtout informels
entre personnes de bonne volonté, venant de tous horizons : la rencontre internationale
pour la paix de la Communauté Sant Egidio se conclut par un moment de prière, une
procession vers la place du Capitole, au cœur de Rome, et la cérémonie finale. C’est
l’occasion de faire le bilan et de voir ce qu’ont révélé ces échanges. Xavier Sartre
Le
drame syrien a plané sur ces rencontres de bout en bout : entre les témoignages d’intervenants
syriens, et l’exemple concret que représente ce conflit intéressant les questions
de la violence sous toutes ses formes et les relations entre chrétiens et musulmans,
la Syrie fut de toutes les tables rondes, ou presque.
Mais cette question
a surtout montré, selon Andrea Riccardi, le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio,
« l’absence de conscience de paix en Europe ». Une Europe incapable de peser sur cette
guerre se situant sur ses marches, une Europe absente des initiatives de paix et de
dialogue, une Europe dont les peuples semblent résignés. Citant l’intellectuel orthodoxe
français Olivier Clément, il a appelé à une « révolte de l’esprit » pour que la paix
soit l’objectif que nos sociétés recherchent et promeuvent, évitant ainsi de laisser
le champ libre aux armes.
Concernant la lutte contre le terrorisme, Andrea
Riccardi a estimé qu’il s’agissait d’abord et avant tout d’une guerre spirituelle,
les religions devant « enlever le mot de Dieu de la bouche des terroristes ». Analysant
près d’un quart de siècle de rencontres interreligieuses, il a estimé qu’un « alphabet
du dialogue » avait pu être trouvé, des musulmans s’asseyant à la même table que des
juifs et des chrétiens pour parler de paix.
Comme l’a réaffirmé l’appel pour
la paix, signé à l’issue de la rencontre, le dialogue est la seule issue pour parvenir
à cette paix, une paix qui passe aussi par le refus du terrorisme et par l’affirmation
d’une espérance parfois trop absente de nos cœurs.
Marco Impagliazzo,
président de la Communauté de Sant’Egidio, dresse au micro de Xavier Sartre le bilan
de cette rencontre dominée par la Syrie
La
prochaine rencontre, l’année prochaine, aura lieu en Belgique, à Anvers, en septembre.
Elle sera placée sous le signe du centenaire du début de la Première guerre mondiale.
La Belgique, pays neutre, envahi et occupé par l’armée allemande, théâtre de batailles
où périrent des centaines de milliers de soldats et où furent utilisés pour la première
fois sur grande échelle des gaz, armes chimiques. La ville d’Anvers, grand port européen,
est quant à elle un carrefour de l’humanité, et abrite trois communautés représentant
les trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme, et l’islam.