"La liste de Bergoglio", un livre sur l'action du Père Jorge pour les victimes de
la dictature
En librairie dès le 3 octobre, « La liste de Bergoglio. Les sauvés du Pape François.
» Le livre est une enquête du journaliste Nello Scavo, du quotidien Avvenire, sur
l’action de Jorge Mario Bergoglio, à l’époque Provincial des Jésuites d’Argentine,
en faveur des victimes de la dictature des généraux dans son pays. Ce livre-enquête
qui retrace le récit d’une dizaine de persécutés politiques sauvés par Bergoglio est
une sorte de « liste Schindler ».
Les témoignages des rescapés de la persécution
du Conseil militaire, protégés par le Provincial des Jésuites, ainsi que des documents
inédits comme la transcription de l’interrogatoire rendu par l’archevêque Bergoglio
aux magistrats menant une enquête sur la violation des droits de l’homme durant la
dictature, restituent le cadre d’un vrai réseau clandestin mis sur pied par le futur
Pontife pour sauver les persécutés. Ce livre contient également des indications et
des conseils sur la façon de confondre la police et la censure et sur l’organisation
de fuites vers l’étranger. Jorge Bergoglio a fait preuve d’un immense courage et d’une
forte cohérence au risque de mettre en péril sa propre vie.
Jorge Bergoglio
a toujours voulu rester discret
Parmi les témoignages recueillis par Nello
Scavo qui mettent en lumière certaines affaires restées jusque-là dans l’ombre, celui
du Jésuite Juan Carlos Scannone, aujourd’hui octogénaire et considéré comme le plus
grand théologien argentin vivant. Selon lui, si nous n’avons jamais entendu parler
du travail de Bergoglio en faveur des persécutés et si ses amis se sont toujours tus,
c’est pour ne pas faire penser qu’il puisse vouloir manipuler en sa faveur des faits
remontant à l’époque de la dictature. Il ajoute « que si l’on veut s’hasarder à faire
une estimation prudente, nous pouvons dire que le Père Jorge a mis en sécurité plus
d’une centaine de personnes. » Parmi ceux-ci, des dissidents, des syndicalistes, des
prêtres, des étudiants, des intellectuels, aussi bien croyants que non-croyants.
L’enquête
nous livre également l’histoire du syndicaliste Gonzalo Mosca, d’abord caché dans
le Colegio Maximo comme « étudiant effectuant une retraite spirituelle » et puis expatrié
au Brésil. Nous retrouvons aussi le récit d’Alicia Oliveira, activiste dissidente,
pour qui le Père Jorge a organisé une rencontre avec ses enfants, alors qu’elle était
clandestine, au sein même des murs du Colegio Maximo. Alfredo Somoza, dissident argentin
résidant actuellement en Italie, découvrit lui a posteriori que ceux qui étudiaient
chez les Jésuites avaient trouvé là la possibilité de fuir vers l’étranger. « Qui
était le chef des Jésuites en Argentine ? On ne peut imaginer que tout cela ait pu
se passer sans qu’il soit concerné », souligne celui qui était persécuté par la junte
Videla.
Une lettre inédite lève le voile sur les cas Jalics
Dans
le volume, on trouve également une lettre inédite de Jorge Bergoglio à la famille
du Père Franz Jalics, un des deux Jésuites enlevés et torturés à Esma, le tristement
célèbre centre de détention du régime. Une affaire qui a fait peser un doute sur Jorge
Bergoglio que l’on a soupçonné d’avoir été trop conciliant et même complice. « J’ai
mené de nombreuses initiatives pour arriver à la libération de votre frère. Jusqu’ici
nous n’avons pas eu de succès mais je ne perds pas l’espoir qu’il soit bientôt libéré.
J’ai décidé que cette affaire est mon devoir. » Et encore : « Les difficultés que
votre frère et moi avons eu à propos de la vie religieuse n’ont rien à voir avec la
situation actuelle. Jalics est pour moi un frère » peut on lire encore dans sa lettre
datant du 15 octobre 1976.
En outre, pour la première fois est reconstituée
dans le livre la rencontre entre Bergoglio et l’amiral Emilio Eduardo Massera, l’impitoyable
capitaine de la répression à qui le Jésuite demanda la libération immédiate des deux
frères.
Dans le contexte tragique qui suivit le coup d’État du 24 mars 1976
avec trente mille disparus, quinze mille fusillés dans la rue, plus de cinq cents
nouveaux nés soustraits par le régime à leurs mères condamnées à mort et plus de deux
millions d’exilés, nous trouvons de nombreux autres événements racontés par Nello
Scavo. Par exemple, l’histoire des trois séminaristes de l’Évêque martyr Monseigneur
Enrique Angelelli que Bergoglio a caché dans le Colegio car il était recherché par
les militaires ou bien le récit dramatique du futur pape François à propos d’une perquisition
des patrouilles qui étaient sur leurs traces.