L’Assemblée générale des Nations-Unies s’ouvre ce mardi au palais de Verre à New-York.
Le nouveau président iranien, Hassan Rohani, s’y exprimera pour la première fois.
Il est d’ailleurs attendu au tournant pour son premier grand rendez-vous international.
Depuis
son élection en juin, Hassan Rohani multiplie les signes de bonne volonté et d’ouverture
: libération de prisonniers politiques, main tendue vers les Etats-Unis et ouverture
sur le dossier du nucléaire. Lundi, Téhéran a d’ailleurs annoncé être prêt à en discuter,
ouvrant ainsi la voie à une réunion sans précédent avec les Etats-Unis sur ce dossier
délicat. Un entretien direct pourrait même avoir lieu avec Barack Obama ce qui serait
une première : un échange entre les présidents américain et iranien n’a pas eu lieu
depuis 1979.
Pour autant, ces changements de la politique iranienne ne surprennent
pas Bernard Hourcade. Pour ce directeur de recherche au CNRS, joint par Jean-Baptiste
Cocagne, l’élection de Hassan Rohani est tout sauf un hasard
«
Il a été élu pour sortir de la crise et du congélateur, de l’isolement dans lequel
l’Iran se trouve depuis la Révolution islamique de 1979. L’islamisme compte en Iran,
mais il y a aussi un nationalisme extrêmement fort et une ouverture internationale
importante et une bourgeoisie moyenne évoluée. Le gouvernement a trente-cinq ans d’expérience
et s’est retrouvé devant un choix : laisser l’Iran dans l’isolement, ravagé par les
crises intérieures ou moderniser la république islamique. C’est le rêve de Rohani.
Il ne faut pas croire que Hassan Rohani est un faible : c’est un fort, c’est un radical
pour ouvrir le pays à l’extérieur et stabiliser la république islamique » explique
Bernard Hourcade. Tous les actes et paroles du président iranien sont donc inscrits
dans une stratégie durable pour « arriver à sortir l’Iran de cette crise qui est la
clé de voute de beaucoup de problèmes au Proche-Orient. »
Etablir un
rapport de force
Récemment, Hassan Rohani a juré que l’Iran ne cherchait
pas à se doter d’armes nucléaires. En la matière, la question n’est pas de savoir
s’il faut croire ou non le gouvernement iranien, mais d’établir « des rapports de
force qui permettent de donner des garanties sérieuses » juge Bernard Hourcade. Dans
ce dossier, la confiance est primordiale.
Aucune grande évolution n’ait à
attendre concernant les relations entre les Etats-Unis et l’Iran mais une politique
des petits pas pourrait être menée de manière à ramener progressivement le pays sur
la scène internationale. « Paradoxalement, l’Iran est le seul pays de la région à
avoir une société qui ait bien évolué et qui est capable de durer pour la stabilité
du Proche-Orient » rappelle Bernard Hourcade.