Le Kenya, le peuple uni contre le terrorisme des shebabs
Au Kenya, le bilan des victimes de l’attaque du centre commercial Westgate de Nairobi
s’est alourdi. Au moins 69 personnes ont été tuées dans l’attaque commando des shebab
somaliens. 63 autres personnes sont toujours portées disparues. Policiers et soldats
ont affirmé que la plupart des otages ont pu être évacués. Les forces de sécurité
kényanes ont lancé ce lundi matin 23 septembre un troisième assaut contre les assaillants.
De fortes explosions et des tirs nourris ont retenti toute la journée, suivis de fumées
noires s’échappant du centre commercial. Le bâtiment serait en grande partie sécurisé
et les assaillants sont désormais cernés par les forces de sécurité. Toujours selon
l’armée les assaillants seraient de plusieurs nationalités.
La haine religieuse
rejetée avec force par la population et le gouvernement
L'attaque du centre
commercial Westgate a été clairement revendiquée par les insurgés islamistes des shebab
somaliens, un groupe lié à Al-Qaïda. Ils ont présenté leur offensive comme une opération
de représailles après l'intervention des troupes kényanes en Somalie. Le gouvernement
kenyan a répété qu’il ne retirerait pas ses troupes de Somalie. La population kenyane
reste très soudée face à cet évènement. « Cette attaque a été l’occasion d’une
grande cohésion à l’intérieur du pays. On a vu pour la première fois le président
Uhuru Kenyatta et l’ancien premier ministre Raila Odinga, tenir une conférence de
presse conjointe pour présenter leur condoléances à la population et pour appeler
à ce qu’il n’ y ait pas de haine religieuse » a expliqué le père Rigobert Minani,
jésuite congolais basé à Nairobi sur l’antenne de Radio Vatican. Partout la population
se mobilise. De très nombreuses personnes se sont rendues dans des centres de prélèvement
du sang afin de venir en aide aux blessés. « On ne s’attendait pas à une telle
générosité »affirme le jésuite. Écoutez son témoignage
Le mouvement
des Shebabs est loin d’être mort
Depuis 2011 et l'intervention africaine
en Somalie, les shebabs avaient perdu le contrôle de la capitale, Mogadiscio, et de
leur fief dans le sud du pays, Kismayo. Le mouvement semblait s’essouflé. Pourtant
il n'est pas mort, loin de là. « Ils sont restés très fort sur le terrain. Je compte
une quinzaine d’actions depuis le mois d’octobre 2011 jusqu’en 2013 » explique
le père Minani. L’intensité des attaques a également augmenté, en témoigne l’opération
au Westgate de Nairobi. Les attaques des Shebabs s’étendent de plus en plus au reste
de l’Afrique de l’est. Notamment en Ouganda et surtout au Kenya ces dernières années.
Les règles de sécurité se sont ainsi largement renforcée ces derniers temps dans ces
deux pays. « Au Kenya lorsque vous vous rendez au supermarché il y a des contrôles
aux détecteurs de métaux, les véhicules sont vérifiés, les forces de l’ordre soulèvent
le capot et regardent sous les voitures » raconte le jésuite. Et d’ajouter : «
Certes nous avons gagné une bataille en Somalie, mais nous avons empoisonné la vie
quotidienne des populations de l’est de l’Afrique ».
(Photo: des policiers
kenyans pendant l'assaut des shebabs somaliens, le 23 septembre)