François secoue les élites face à une crise sans précédent
Non à la résignation et au pessimisme qui nous rendent sourds aux cris de justice.
C’est le message que le pape François a voulu livrer au monde de la culture, dimanche
après-midi, dans le cadre de sa visite à Cagliari, en Sardaigne. La rencontre s’est
déroulée dans les locaux de la Faculté théologique pontificale régionale. Pour le
Saint-Père, nous vivons une crise sans précédent qui présente de nombreux dangers
pour l’humanité.
Chaque époque – a-t-il reconnu – porte en elle des éléments
critiques, mais depuis au moins quatre siècles, jamais les certitudes fondamentales
n’avaient autant été secouées. Le tableau que le pape François a brossé est sombre
: atteintes à l’environnement, déséquilibres sociaux, production d’armes extrêmement
puissantes, développement et impact des moyens d’information, de communication et
de transport.
Il faut écouter les jeunes politiques. Ils ont une nouvelle
musique à nous faire entendre
Nous vivons – a-t-il dit – une crise économique
et financière, mais aussi une crise écologique, éducative et morale. Elle concerne
le présent et l’avenir historique, existentiel de l’homme dans la civilisation occidentale
et en conséquence dans le monde entier. Nous assistons à des mutations qui touchent
la manière dont l’humanité vit son existence dans le monde. Cela engendre le découragement,
la déception, la désillusion, la résignation, le pessimisme.
Pour le pontife
argentin, il faut résister à la tentation apocalyptique qui peut provoquer la paralysie
de l’intelligence et de la volonté. Il ne faut pas, non plus, « s’en laver les mains
» avec pragmatisme, comme Pilate, car cela conduit à ignorer le cri de justice, d’humanité
et de responsabilité sociale et favorise l’individualisme, l’hypocrisie voire une
sorte de cynisme. Il faut, au contraire, chercher et trouver des chemins d’espérance,
capables d’ouvrir de nouveaux horizons.
D’où le rôle qui revient aux universités
comme lieux d’élaboration et de transmission du savoir, de formation à la sagesse,
dans le sens le plus profond du terme, et d’éducation intégrale de la personne. Mais
le pape François estime aussi qu’il ne faut pas avoir peur d’écouter les jeunes, y
compris les jeunes politiques. Ils ont une nouvelle manière de penser la politique.
Ils parlent autrement, ils cherchent une autre musique, une clef différente. Alors
écoutons leur musique.