Pologne : La canonisation du pape Jean Paul II fait l'unanimité
Un édifice, consacré il y a quelque mois, est un imposant symbole de la vénération
portée au défunt pontife par les habitants de Cracovie et de toute la Pologne. Dans
le pays, la figure du pape Jean Paul II a eu un tel impact sur l'histoire du pays
que l'on ne trouve pratiquement aucune voix pour critiquer son imminente canonisation. La
forme massive du bâtiment d'environ 60 mètres de hauteur, surmonté d'un toit hexagonal,
mais aussi de plusieurs grues, n'est pas sans rappeler un mausolée. En entrant dans
l'église, de style moderne et faisant la part belle au béton brut, on est étonné de
voir des électriciens et des maçons côtoyer les fidèles. Alors que des messes sont
déjà célébrées, des travaux de finition sont encore en cours. L'intérieur du sanctuaire
est impressionnant et en impose par la hauteur de certains plafonds, ses dorures et
ses tableaux aux teintes pastel, parfois un peu kitsch, chères aux Polonais. C'est
que l'église revêt, pour les croyants de la région, une grande importance symbolique
et spirituelle, rehaussée de fierté nationale.
« N'ayez pas peur ! »
Le
cardinal Stanislas Dziwisz, l'ancien secrétaire particulier du pape polonais, qui
avait succédé à Monseigneur Wojtyla à la tête de l'archevêché de Cracovie, avait consacré
le sanctuaire le 23 juin dernier. L'édifice fait partie du Centre « N'ayez pas peur!
», nommé selon le vœu de Jean Paul II lors de l'inauguration de son pontificat, en
1978. Le complexe a été lancé en 2006 par l'archevêque de Cracovie en l'honneur du
défunt pape, un an après sa mort. Il a été bâti à proximité immédiate du sanctuaire
de la Miséricorde Divine, un thème majeur de l'enseignement spirituel du pontife polonais.
Benoît XVI en personne est venu poser, lors de son premier voyage en Pologne en 2010,
la première pierre du complexe religieux qui comprend, outre le sanctuaire, un institut
interculturel, un musée ou encore un centre de conférences. La construction de l'église
a été officiellement lancée en juin 2011, quelques semaines après la béatification
de Jean Paul II.
Un lieu de pèlerinage aux parfums pontificaux
A
l'intérieur et autour du sanctuaire, la figure de Jean Paul II semble occuper tout
l'espace. A l'entrée, une échoppe de fortune propose statuettes et autres porte-clés
à l'effigie du Bienheureux. Dans l'édifice, les représentations picturales et les
nombreuses reliques du défunt pape sont spécialement à l'honneur. Une fiole contenant
du sang du pontife attire un nombreux public. Le récipient repose à l'intérieur d'une
petite châsse dans le maître-autel de marbre blanc, à l'étage inférieur du bâtiment.
Les fidèles sont obligés de se mettre à genoux pour la contempler de près. Le sang
a été recueilli à la clinique romaine Gemelli lors d'un des derniers examens effectués
sur le pontife avant sa mort. Sa croix pontificale, sa mitre et sa chasuble ont aussi
été offerts par Rome. Les murs de l'église sont notamment décorés de tableaux saint-sulpiciens
représentant les visites de Jean Paul II dans les principaux sanctuaires mariaux du
monde, Fatima, Lourdes ou encore Czestochowa. Les fidèles peuvent aussi se recueillir
sur la pierre tombale du pape polonais, transférée de la crypte de la basilique St-Pierre
de Rome, après sa béatification. Le sanctuaire est d'ores et déjà un important
centre de pèlerinage. Les fidèles peuvent y obtenir des indulgences plénières. Tous
les 22 octobre, à l'occasion de la fête liturgique du Bienheureux Jean Paul II, d'importantes
célébrations et processions sont organisées.
Une dévotion évidente
L'impression
d'omniprésence de la figure de Jean Paul II se confirme dans les rues de Cracovie,
la capitale culturelle du sud de la Pologne. Il est difficile d'y marcher plus d'une
centaine de mètres sans croiser un portrait du défunt pape ou une inscription à sa
mémoire. Dans cette région de Petite Pologne (Malopolskie) d'où il est originaire,
il fait l'unanimité. "En Pologne, tout le monde le vénère, même les athées ont un
profond respect pour lui", assure à l'Apic Kornelius Politzky, prêtre polonais, qui
vit depuis 35 ans en Suisse. Grand connaisseur et admirateur de Karol Wojtyla, il
a été son élève lorsqu'il enseignait au séminaire de Cracovie.