2013-09-14 17:07:31

Centrafrique : perpléxité autour de la dissolution de la Séléka


Le président centrafricain Michel Djotodia a annoncé vendredi soir, à l’issue d’une réunion au palais présidentiel consacrée à la crise que traverse son pays, la dissolution de la coalition de la Séléka. « A compter de ce jour, la coalition rebelle Séléka et la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP, rébellion dont une faction est alliée au Séléka) n'existent plus. Elles sont dissoutes » a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « tous ceux qui vont continuer à se réclamer de ces entités seront considérés comme des bandits ».

Mais cette décision laisse perplexe dans la mesure où la Séléka est composée de plusieurs groupes autonomes les uns des autres, dont les hommes armés n’obéissent qu’à leurs chefs directs, sans coordination entre eux et sans hiérarchie. Comment dans ces conditions imposer cette mesure alors que la République centrafricaine est le théâtre de combats et d’exactions depuis que ces anciens rebelles, dirigés par Michel Djotodia, ont pris la capitale, Bangui, le 24 mars, contraignant l’ex-président François Bozizé à fuir en France.

Une décision qui n'a pas été prise légalement selon l'ancien président de l'ACAT

Bruno Hyacinthe Gbiegba, avocat, conseil national de transition, ancien président de l’ACAT Centrafrique salue cette décision car « c’était ce que tout le monde réclamait parce que cette coalition était arrivée au pouvoir, il y avait eu beaucoup d’exactions et de pillages et on avait souhaité que l’on puisse dissoudre cette coalition. Malheureusement on a procédé à cette dissolution par décret. » Car au-delà de la volonté affichée par le président Djotodia, cette mesure n’a pas été prise légalement selon l’avocat.

« Ce sont les responsables de cette association (la Séléka) qui auraient dû se réunir et prononcer la dissolution. On ne peut pas dissoudre une association par un décret » explique l’avocat. Le président Djotodia étant également chef de cette coalition hétéroclite, « s’il n’y a pas d’autres voix qui s’élèvent, alors nous ne pouvons que constater cette volonté du président de la Séléka » ajoute Bruno Hyacinthe Gbiegba.

Une structure qui commençait à devenir embarrassante pour le président Djotodia

Crédit est donc donné au président Djotodia de vouloir véritablement dissoudre une structure qui commence à devenir bien embarrassante pour lui et qui le gêne dans ses rapports avec la communauté internationale. Mais entre la parole et les actes, il y a un monde dans un pays en pleine déliquescence, marqué par l’instabilité et la violence. L’ancien président de l’ACAT Centrafrique estime cependant que le président, maintenant qu’il s’est engagé, doit tout faire pour appliquer sa politique : « c’est lui le président. Il doit se donner les moyens de faire respecter sa décision. Quand vous êtes le président d’une structure, c’est vous qui avez l’autorité. C’est à vous d’expliquer la pertinence de la décision » considère-t-il. « Nous ne devons plus nous comporter comme des hors-la-loi » : voilà ce que Michel Djotodia devrait dire à ses troupes selon maître Gbiegba.

L’enjeu est de taille : il s’agit ni plus ni moins d’éviter « une somalisation » de la République centrafricaine. Pour cela, les autorités de Bangui devront désarmer et contrôler les quelque 25 000 hommes en armes, un chiffre « qu’il faut prendre avec des pincettes » prévient Bruno Hyacinthe Gbiegba. Un recensement précis n’a pas été effectué, et ces estimations pourraient être selon lui exagérées. Ce qui ne diminue pas pour autant l’ampleur de la tâche qui attend Michel Djotodia s’il veut ramener l’ordre et la sécurité, afin de préparer les prochaines échéances électorales.

(Photo : Des soldats de la Séléka à bord d'un véhicule)









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