Annonce surprise vendredi soir en République centrafricaine : le président Djotodia
a dissout la coalition de la Séléka, cette coalition rebelle réunissant tous les opposants
à l’ex-président Bozizé. Le nouveau chef de l’Etat, ancien patron de ce groupe hétéroclite,
s’est contenté pour le moment d’une déclaration verbale lors d’une réunion consacrée
à la crise que traverse le pays. Mais cette dissolution, plutôt que d’apporter des
réponses, posent plusieurs questions. Les explications de Xavier Sartre
Pour
l’instant il ne s’agit que de mots : juridiquement, aucun document n’a été signé par
le gouvernement. Dans un pays en déliquescence comme la Centrafrique, où l’administration
et l’ordre n’existent plus ou pratiquement plus, toute décision de ce type est loin
d’avoir force de loi.
En outre, le président Djotodia considérera comme « bandits
» tous ceux qui continueront de se réclamer de la rébellion. Or la Séléka compte environ
25 000 hommes armés, divisés en différents groupes ayant peu de liens entre eux, et
n’obéissant le plus souvent, qu’à leurs chefs directs. Le chef de l’Etat aura donc
le plus grand mal à les démobiliser et les désarmer, ne pouvant compter que des forces
armées réduites et divisées.
De ce point de vue-là, Michel Djotodia n’en est
pas à son coup d’essai. Depuis la prise de Bangui le 24 mars dernier, et le départ
de l’ancien président Bozizé, il a plusieurs fois lancé des appels au désarmement
sans succès. Des combats et des exactions ont toujours lieu en différents points du
pays, ce qui ne favorise pas la situation humanitaire de la population. Le chemin
sera donc long pour que cette décision ne soit pas qu’un effet d’annonce destiné à
la communauté internationale.
Photo : Michel Djotodia, président de
la République centrafricaine, le 30 mars dernier à Bangui