Ces derniers mois, la famille a été au cœur des discussions en France à cause du mariage
homosexuel. L’Eglise n’a pas hésité à faire valoir son point de vue et sa conception
de la famille à cette occasion. Mais les débats autour de la famille, d’une manière
plus générale, ne se limitent pas à la France et à la question du mariage pour tous.
Dans toute l’Europe, la réflexion sur ce qui représente la cellule de base de la société
est alimentée en permanence et l’Eglise catholique y prend toute sa part.
Exemple
avec un nouveau cycle de conférences sur « le rôle de l’Eglise catholique dans le
processus européen d’intégration », promu par différents organismes et universités
dont l’université Jean-Paul II de Cracovie, la Fondation Konrad Adenauer et la COMECE.
Organisé à Cracovie, en Pologne, le colloque sur la « famille dans l’Europe d’aujourd’hui
», qui s’ouvre ce vendredi et se conclut samedi, réunit des membres du clergé, le
président polonais Bronislaw Komorowski, des universitaires ainsi que des députés
européens et élus de différents pays de l’UE. Tous se penchent sur la famille pendant
deux jours. Xavier Sartre
Mariage civil
ouvert aux homosexuels dans de nombreux pays européens, augmentation des divorces,
familles monoparentales de plus en plus nombreuses, personnes âgées abandonnées par
leurs proches : la famille semble en crise et les débats qui ont agité la France en
début d’année ne doivent pas occulter le fait que toute l’Europe est concernée par
cette évolution de la société. Pas question cependant de dire que la famille est en
crise pour la Slovaque Anna Zaborska, député européenne au sein du Parti Populaire
européen.
« Il n’y a pas la crise de la famille. La famille est toujours
la même, elle est bien définie. La famille est une valeur naturelle. Ce qui est en
crise, ce sont les relations vis-à-vis de la famille. Comment les gens la regardent,
la définissent, comment ils veulent l’affaiblir. Les gens qui vivent dans les familles
naturelles deviennent de plus en plus faibles à cause de cette pression. Elles perdent
courage. Elles ont même des doutes sur leur manière de vivre, se demandant si elle
est tout à fait normale. »
Pourtant, le projet européen tel que conçu à
ses débuts et poursuivi par la suite s’est construit notamment autour de la famille
comme l’explique le député européen français Jean-Pierre Audy, du Parti Populaire.
«
L’objectif des peuples européens, lorsqu’ils ont décidé d’unir leur destin, c’est
de fonder une civilisation humaniste. A partir du moment où on crée une civilisation,
il faut le faire en la basant sur l’amour et pas la haine. Et la famille a prouvé
qu’elle s’appuyait sur les valeurs de l’Union européenne. La famille, jusqu’à preuve
du contraire, est l’organisation la plus solide pour permettre à la fois la stabilité
sociale et l’assurance de la prospérité humaine de nos sociétés. C’est dans la famille
que s’organise à la fois la naissance des enfants, et l’organisation sociale. Si nous
détruisons ce mode d’organisation autour de la paternité et de la maternité qui est
le socle et la base de l’organisation familiale, à ce moment-là, on ne sait pas où
on va. »
Et cette dérive dénoncée par le député français pourrait déboucher
sur une société qui mettrait un terme aux liens naturels entre les parents et l’enfant
pour faire de ce dernier un produit mercantile.
« C’est une perspective,
pour celles et ceux qui défendons la famille, qui est effrayante celle d’imaginer
qu’avec la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui, un couple
homosexuel ou hétérosexuel puisse se mettre devant un ordinateur et « commander »
un enfant en décidant la couleur des cheveux, des yeux, le niveau d’intelligence à
partir de l’origine du sperme, introduire la carte bancaire, et obtenir l’enfant dix
mois après. »
Si les sociétés européennes sont pour l’instant loin de
cette vision pessimiste, Anna Zaborska a cependant débusqué quelques détails dans
la législation européenne sur la famille qui accréditerait cette vision purement fonctionnaliste
des membres de la cellule familiale. Exemple avec les lois sur le congés maternité
«
Vous ne trouvez jamais le mot « mère », ou « enfant », ou « protection de maternité
» ou « la famille »dans le texte. On parle de « protection et de la sécurité au travail
des travailleuses enceintes, allaitantes qui ont accouché. Alors, la femme, la mère,
est toujours liée au travail et la vie publique ».
C’est pour rendre à
l’humain sa vraie place et sa dignité que l’Eglise catholique a toujours défendu la
famille. Que ce soit depuis le Vatican au travers des interventions du Pape et de
la Curie ou au niveau des épiscopats nationaux, l’Eglise sait que la défense de la
famille passe par la conversion des cœurs et un long et patient travail de pédagogie
auprès des décideurs politiques.
Photo : manifestation contre le mariage
pour tous en France