Il y a tout juste vingt ans, le 13 septembre 1993, à Washington, Yitzhak Rabin, Premier
ministre israélien et Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP, scellaient
en une poignée de main les Accords d’Oslo. Israéliens et Palestiniens officialisaient
ainsi une reconnaissance mutuelle, et ouvraient la voie à un processus de négociations
devant aboutir à la création d’un Etat de Palestine aux côtés d’Israël.
L’image
de cette poignée de mains, historique et hautement symbolique, fera le tour du monde
et restera gravée dans les mémoires. Le conflit israélo-palestinien semblait enfin
s’acheminer vers une résolution, la paix semblait enfin à portée.
Ce processus
de paix, sur lequel se fondait l’espoir des uns et des autres, n’a pas résisté aux
extrémismes de tous bords, aux radicalisations, aux promesses non tenues, aux spirales
de violences.Vingt ans après, le constat est unanime : l’échec d’Oslo laisse un goût
amer, et la désillusion a pris le pas sur l’espoir.
Charles Enderlin est
journaliste, correspondant de France 2 à Jérusalem, et auteur de nombreux ouvrages
sur Israël et le Proche-Orient. Témoin de premier plan de ces événements, il évoque
l’enthousiasme, de courte durée, soulevé alors par les Accords d’Oslo, et analyse
les raisons de son échec. Il est interrogé par Manuella Affejee
Après
les espoirs du début, les attentats-suicides, l’assassinat d’Yitzhak Rabin et la seconde
Intifada ont enterré ces Accords. « On n’est pas allé assez vite », estime le journaliste
pour expliquer les raisons d’un tel échec. « Il aurait fallu négocier très vite les
statuts définitifs pendant qu’il était encore temps parce qu’un accord entre Israël
et l’OLP a énormément d’ennemis : d’abord le Hamas, puis les extrémistes israéliens
dont le Likoud qui, jusqu’à récemment rejetait même l’idée d’un Etat palestinien sur
la terre d’Israël. »
La confiance mutuelle n'existe plus
« Maintenant,
on voit mal comment la paix peut être conclu avec 350 000 colons en Cisjordanie, près
de 200 000 à Jérusalem-Est. Reste à Jérusalem la question du Mont du Temple qui est
le seul lieu saint juif mais qui est aussi le troisième lieu saint de l’Islam et qui
est pour le moment contrôlé par les musulmans. Là, je ne vois pas comment il sera
possible de parvenir à un accord parce que le conflit est en train de devenir de plus
en plus religieux » explique Charles Enderlin.
Vingt ans après, chacune des
deux parties « estiment qu’elles ont été roulées ». « Les Palestiniens pensent que
les Accords d’Oslo ont servi à lancer la colonisation : depuis 1993, le nombre de
colonies a presque quintuplé. Les Israéliens, eux, ont vu les attentats du Hamas et
du Fatah. Il n’y a plus de confiance mutuelle », conclut, pessimiste le correspondant
de France 2.