Accueillir les réfugiés dans les couvents : les religieux veulent suivre l’appel du
Pape
Le Pape demande aux religieux de faire plus pour accueillir les réfugiés au sein de
leurs communautés, maisons, mais aussi dans « les couvents vides » qui « ne sont pas
les nôtres. Ils sont pour la chair du Christ que sont les réfugiés ». Lors de sa visite
mardi après-midi au centre Astalli où 450 réfugiés sont pris en charge chaque jour
par le Service Jésuite pour les Réfugiés (JRS), le Pape a ainsi encouragé les instituts
religieux à se mobiliser davantage encore : « Le Seigneur appelle à vivre avec générosité
et courage l’accueil dans les couvents vides ».
Soeur Anne-Claire M.
Dangeard est la porte-parole de la Corref, la Conférence des religieux et religieuses
de France. Elle réagit à cet appel du Pape
Sans rentrer
dans les détails et le cas par cas des initiatives qui existent déjà à travers la
France, Sœur Anne-Claire Dangeard souligne le fait que pour les religieux accueillir
l’autre, qu’il soit pèlerin, migrant ou sans-abris, est une chose « naturelle ». «
Il y a des communautés qui, humblement et de manière cachée (…), font des choses sur
le terrain et que l’on peut découvrir facilement quand on approche les communautés
religieuses ». Quand quelqu’un sonne à la porte d’un couvent, celle-ci lui est toujours
ouverte, explique la dominicaine.
« Quand quelqu’un sonne à la porte
d’un couvent, celle-ci lui est toujours ouverte »
Dans son intervention
au centre Astalli, le Pape François a mis en garde les religieux. Les couvents ne
peuvent se transformer en « hôtels pour gagner de l'argent » ou devenir le lieu de
« mondanités spirituelles ». La Corref entend cette interpellation, comme elle tache
d'entendre celles émanant du monde politique : « on doit être soucieux de savoir se
remettre en question dans ses pratiques et sa manière d’accueillir. » Pour autant,
précise sœur Anne-Claire Dangeard « notre priorité, c’est de travailler avec la société
: de relayer ce qui peut se faire pendant les campagnes d’hiver et d’alerter les Supérieurs
majeurs sur ces demandes d’accès. En ce qui concerne les mondanités spirituelles,
la porte-parole de la Corref s’interroge : Peut- on séparer le spirituel de l’humain
? « Combien d’abbayes reçoivent des gens qui sont la route (…). Ils sont reçus sans
qu’on leur pose de questions sur « qui ils sont et ce qu’ils font ». C’est leur humanité
qui est d’abord accueillie (…) et il n’est pas question de monnayer cet accueil. C’est
un temps gratuit pour l’autre »
Crise des vocations ou population vieillissante
dans les monastères… Plutôt que d’évoquer les difficultés qui font parfois obstacle
à l’accueil de l’autre, la Corref souligne les opportunités qui s’offrent aux religieux,
se félicitant du rapprochement effectué ces dernières années par les laïcs associés
qui œuvrent aux côtés des communautés, notamment dans le domaine de la solidarité.
Les religieux souhaitent également poursuivre et approfondir leurs relations avec
la société pour réfléchir ensemble et « faire avancer les choses » pour les personnes
les plus vulnérables
L’Abbaye de Jouarre se mue partiellement en centre
de réinsertion
Il existe en France, selon le journal La Croix, près
de 400 instituts religieux et près de 300 monastères. L’Eglise est détentrice d’un
patrimoine immobilier important. En raison en particulier du déclin démographique,
certaines congrégations se voient contraintes de vendre leurs biens. Aujourd’hui,
il y a un soucis réel au sein des communautés de préserver ce patrmoine. Les communautés
tentent de « tisser des ponts avec les associations, les diocèses et l’Etat pour faire
perdurer ce patrimoine et profiter du charisme qui s’est développé dans ces bâtiments
». Sœur Anne-Claire raconte ainsi comment une partie de l’Abbaye de Jouarre en Seine
et Marne a été cédée par les religieuses au Secours catholique afin d'en faire un
centre de réinsertion. La porte-parole de la Corref insiste sur ce travail commun
pour « inventer des choses nouvelles » et explique que l’intervention du Pape mardi
au centre Astalli de Rome, les encourage dans cette dynamique. « Il faut persévérer
pour le service du plus petit ».