Non aux couvents vides : le cri du Pape en faveur des réfugiés
Le Saint-Père a visité le centre Astalli de Rome ce mardi après-midi. Il avait été
invité par le père Giovanni La Manna. Il s’agit d’une visite strictement « privée
». Administré par le service des jésuites pour les réfugiés (JRS), ce centre, fondé
en 1981, est devenu une référence à Rome et en Italie. 450 personnes sont prises en
charge chaque jour. Après son déplacement sur l’île de Lampedusa le 8 juillet dernier,
la visite du pape François au centre Astalli s’inscrit dans une démarche de dénonciation
de la « mondialisation de l’indifférence » sur la question des réfugiés. Le Pape y
a prononcé un discours fort dans lequel il est revenu sur le drame de l'immigration
et sur la manière dont les pays d'accueil doivent réagir.
« Vivons la fraternité
! » : c’est l’appel lancé par le Pape. « Chacun d'entre vous », a souligné le Saint-Père,
porte en lui « une histoire de vie qui parle des drames de la guerre, des conflits
souvent liés à des politiques internationales. Mais chacun d'entre vous porte surtout
une richesse humaine et religieuse, une richesse qu’il faut accueillir et non pas
craindre ». « Beaucoup d'entre vous sont musulmans, d’autres religions, venus de différents
pays, et de différentes situations. Nous ne devons pas avoir peur de la différence
» a-t-il affirmé avec force.
Le pape François a également évoqué l’expérience
difficile du voyage vers Rome en pensant en particulier aux femmes et aux mères qui
supportent les difficultés « afin de garantir un avenir à leurs enfants ». « C'est
un voyage difficile, épuisant, violent même,» a souligné le Pape indiquant que « Rome
devrait être la ville qui permet de retrouver une dimension humaine, de recommencer
à sourire ». « Combien de fois cependant, a-t-il déploré, ici comme ailleurs, beaucoup
de personnes qui ont un permis de séjour sur lequel est écrit « protection internationale
» sont contraintes de vivre dans des situations difficiles, parfois dégradantes, sans
avoir la possibilité de commencer une vie digne, de penser à un nouvel avenir ! »
Servir,
accompagner et défendre
Le Pape a alors remercié tous ceux qui, à l’image
du centre Astalli, s’occupent de l’accueil de ces personnes en s'efforçant de trouver
des réponses concrètes à leurs besoins, en les aidant à garder l’espoir et à retrouver
la confiance. Il s’est ensuite attardé sur les trois paroles qui sont au centre du
programme de travail des jésuites et de leurs collaborateurs : servir, accompagner
et défendre.
« Servir, c’est-à-dire accueillir la personne avec attention
et lui tendre la main sans calculs, sans peur, avec tendresse et compréhension (…)
en établissant des liens de solidarité. Solidarité, cette parole qui fait peur au
monde développé. Ils essaient de ne pas la prononcer. C'est presque un gros mot pour
eux. Mais c'est notre parole ! » s'est exclamé le Pape. « Accompagner, c’est aussi
ce que fait le centre Astalli . Au départ, en proposant des services de premier accueil,
puis en accompagnant les personnes dans leur recherche de travail, en proposant des
activités culturelles afin de contribuer à la croissance d'une culture de la solidarité,
de la rencontre et de la solidarité. »
Mais servir et accompagner, c’est aussi
défendre, a précisé le Saint-Père, « se mettre du côté des plus faibles ». Et de rappeler
combien il est important pour toute l’Eglise que l’accueil du pauvre et la promotion
de la justice ne soient pas confiés seulement à des « spécialistes » mais soient «
une attention de toute la pastorale, de la formation des futurs prêtres et religieux,
de l'engagement de toutes les paroisses, les mouvements et groupes ecclésiaux ».
Non
aux couvents vides
Le Pape s’est alors adressé directement aux instituts
religieux les appelant à « lire sérieusement et avec responsabilité les signes du
temps ». « Le Seigneur appelle à vivre avec plus de courage et de générosité l’accueil
dans des communautés, les maisons, les couvents vides. Les couvents vides que l’Eglise
ne doit pas « transformer en hôtels pour gagner de l'argent mais utiliser en faveur
des réfugiés ». « Les couvents vides ne sont pas les nôtres, ils sont pour la chair
du Christ que sont les réfugiés. Le Seigneur appelle à vivre avec générosité et courage
l’accueil dans les couvents vides ». « Nous faisons beaucoup, mais peut-être sommes-nous
appelés à faire plus. Surmontez la tentation de la mondanité spirituelle pour être
proches des personnes simples et surtout des derniers. Chaque jour, ici et dans d'autres
centres, beaucoup de gens, surtout les jeunes, font la queue pour un repas chaud.
Ces personnes nous rappellent les souffrances et les tragédies de l'humanité. Mais
cette file d’attente nous dit aussi de faire quelque chose. Maintenant, tout est possible.
Il suffit de frapper à la porte, et essayer de dire " je suis là, comment puis-je
aider ?" »