L'actualité de la pensée de Robert Schuman dans l'Europe contemporaine
Le cardinal Péter Erdö, archevêque de Budapest et président du Conseil des Conférences
épiscopales d’Europe (CCEE), a prononcé un discours lors de la conférence organisée
par le diocèse de Metz pour le 50e anniversaire de la mort de Robert Schuman.
Robert
Schuman est l’un des pères fondateurs de l’Europe. En 1990, l’évêque de Metz, Mgr
Pierre Raffin, avait autorisé l’ouverture de son procès en béatification. Robert Schuman
a ensuite été proclamé Servant de Dieu en 2004.
Dans son discours à Metz, Mgr
Erdö a mis en perspective l’entrée des pays de l’Europe orientale et centrale dans
l’Union européenne et le rêve initial de Robert Schuman de construire ensemble « une
communauté de destin » en Europe, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Robert
Schuman était alors ministre français des Affaires Etrangères et a porté cet idéal
conjointement avec le chancelier allemand Konrad Adenauer et le président du Conseil
italien De Gasperi.
Deux poids, deux mesure en Europe aujourd’hui ?
Aujourd’hui
encore, du fait du passé communiste et de la crise économique que peuvent connaître
ces pays, peut exister la peur d’un ressenti d’exploitation et de dépendance, de relation
« maître-élève » avec les pays fondateurs de l’Union européenne, une sorte d’approche
« deux poids, deux mesures ».
Pour le cardinal Erdö, « le capitalisme totalement
libéral, sans protection efficace du bien commun qui a favorisé l’augmentation du
chômage, et dans certains cas la survie de structures communistes ou la corruption
» a pu nuire à la participation de ces pays dans l’UE. « Dans une perspective de fraternité,
il faudrait qu'il y ait des possibilités de protection contre ce genre de développements
qui ne font qu'empirer la situation d'endettement des pays et des citoyens » a ajouté
le président de la CCEE.
La pensée chrétienne compatible avec l’idéal européen
Solidarité
et fraternité, ce sont les deux piliers souhaités par Robert Schuman au moment de
mettre en œuvre l'idéal d’une Europe unie. Pour Schuman, la démocratie moderne « doit
son existence au christianisme, car c'est le christianisme qui a présenté la dignité
de l'être humain même dans sa liberté individuelle ». Et le cardinal Erdö d’insister
: « en d'autres termes, la nouveauté de Jésus-Christ a beaucoup à voir avec l'idéal
européen de la démocratie. »
« Si nous voulions synthétiser la pensée de Robert
Schuman, nous pourrions dire que l'unité politique n’implique pas l’absorption d’une
nation ou la suppression de sa souveraineté nationale, a précisé le cardinal, il faut
se connaître pour se comprendre, pas seulement vivre dans un espace de paix, mais
dans un espace où il existe une « véritable sympathie et amitié » qui unit les peuples.
»
Enfin, le cardinal Erdö a rappelé l’interrogation « prophétique » de Jean-Paul
II à propos des pères fondateurs de l’Europe : « n'est-il pas significatif que parmi
les principaux promoteurs de l'unification du continent, figurent des hommes animés
par une profonde foi chrétienne ? »