Sur la Syrie, Mgr Mamberti rencontre 71 ambassadeurs près le Saint-Siège
Sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays, respect de toutes les minorités, y
compris les chrétiens, et respect des droits de citoyenneté afin que tous soient des
citoyens égaux en dignité. Voilà la position du Vatican concernant la Syrie présentée
ce jeudi matin aux diplomates accrédités près le Saint-Siège, lors d’un briefing organisé
par la Secrétairerie d’Etat.
71 ambassadeurs avaient répondu à l’invitation,
autrement dit « pratiquement la totalité des ambassadeurs résidents » à Rome, pour
cette réunion dont le but était d’expliquer la position du Pape et les initiatives
prises par le Vatican dans ce dossier syrien afin de favoriser la paix et d’éviter
toute intervention armée dans ce pays.
Parmi les initiatives, l’organisation
samedi soir Place Saint-Pierre d’une veillée de prière en présence de François, au
terme d’une journée de jeûne. C'est sans précédent. Cette veillée sera ponctuée de
prières pour la paix écrites par les derniers papes, et notamment une prière de Pie
XII, et s’articulera autour de différents moments liturgiques, avec l’adoration eucharistique
et de nombreuses lectures bibliques. Vers 20 heures, le Pape François devrait nous
livrer sa méditation. Rappelons que cette veillée est ouverte à toutes les confessions
et aux non-croyants.
Mgr Mamberti a illustré les intentions du Pape François
sur la Syrie
Durant le briefing de jeudi matin, c’est Mgr Dominique Mamberti,
secrétaire du Vatican pour les relations avec les Etats qui est intervenu , durant
une vingtaine de minutes devant les ambassadeurs, qui ont pu ensuite (12 d’entre eux)
poser différentes questions. Selon des sources diplomatiques, Mgr Mamberti a exposé
un document, préparé en vue d'un hypothétique "Genève 2" et présentant six axes. Il
insiste sur l'intégrité territoriale, le risque de la constitution d'enclaves et les
garanties à accorder à tous les groupes, y compris la minorité alaouite, qu'il y aura
place pour eux, afin qu'elles ne fuient pas le pays. Le document appelle à impliquer
toutes les minorités dans les commissions qui dessineront la Syrie du futur, et à
garantir les libertés religieuses.
Mgr Mamberti a tenu à rappeler « l’horreur
que représente l’utilisation présumée d’armes chimiques », rappelant « les innombrables
victimes innoncentes du 21 août dernier ». « Devant de tels faits, a-t-il expliqué,
on ne peut se taire, et le Saint-Siège souhaite que les institutions compétentes fassent
toute la lumière et que les responsables soient poursuivis par la justice ».
«
Ces actes si déplorables », a-t-il ajouté, « ont suscité les réactions que nous
savons au niveau international. Et le Saint-Père, pour sa part, a tenu à souligner
avec gravité et fermeté qu’il existe un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire
sur nos actions auxquels on ne peut se dérober ». « Le Pape rappelait aussi que l’usage
de la violence n’apporte jamais la paix, mais que la violence appelle la violence
». Mgr Mamberti a ainsi invité les belligérants à "dépasser leur opposition aveugle",
et n'a pas manqué d'exhorter "les groupes d'opposition à isoler" les "groupes extrémistes,
souvent provenant d'autres pays, et à "s'opposer clairement au terrorisme". «
Alors que notre époque est marquée par des violences et des guerres en de nombreux
endroits du monde, a ajouté Mgr Mamberti, la voix du Pape s’élève en un moment particulièrement
grave et délicat du long conflit syrien, qui a déjà connu trop de souffrance, de dévastation
et de douleur ». Le Secrétaire pour les relations avec les Etats citait alors le Nonce
Apostolique à Damas, Mgr Mario Zenari, qui a « rappelé à plusieurs reprises la position
du Saint-Siège et en restant sur place a pu manifester la sollicitude et la proximité
du Saint-Père envers la population syrienne ».
Le triste rappel des milliers
de morts, et des millions de déplacés et réfugiés
Mgr Mamberti a tenu
à évoquer aussi « les dramatiques conséquences du conflit, qui a provoqué plus de
110 000 morts, d’ìnnombrables blessés, plus de 4 millions de déplacés à l’intérieur
du pays, et plus de 2 millions de réfugiés dans les pays voisins ». « D’où la nécessité
de faire cesser la violence en priorité, une violence qui continue à semer la mort
et la destruction, et qui risque non seulement d’entraîner d’autres pays de la région,
mais aussi d’avoir des conséquences imprévisibles en différentes parties du monde
». Mgr Mamberti a conclu en rappelant l’appel du Pape aux parties en conflit de ne
pas se replier sur leurs propres intérêts mais d’entreprendre avec courage et décision
le chemin de la négociation, et l’appel du Pape à la communauté internationale de
faire tous les efforts possibles pour entreprendre sans plus tarder des initiatives
claires pour la paix de la Syrie, des initiatives basées encore et toujours sur le
dialogue et la négociation. »