Un sommet à Amman sur les défis des chrétiens arabes
Voulu par Sa Majesté le roi Abdallah II de Jordanie, un sommet international se tient
ces mardi et mercredi, du 3 au 4 septembre , dans la capitale du royaume hachémite.
Il s’agit de traiter les enjeux auxquels sont confrontés les arabes chrétiens : guerres,
attentats, enlèvements, profanations, émigration…Une occasion pour les Eglises d’Orient
de se faire entendre davantage sur la scène internationale, à l’heure où pèse la crainte
d’un embrasement régional . Un sommet donc avec la Syrie en toile de fond.
Pour
que la voix des chrétiens du Moyen-Orient soit entendue
Ces assises « les
défis des chrétiens arabes » ont été évoquées le 29 août lors de la rencontre au Vatican
entre le pape François et le roi Abdallah II de Jordanie, promoteur de l’initiative
(le principal commanditaire en est le prince Ghazi ben Muhammad, conseiller du Roi
pour les affaires religieuses et des droits culturels). Dans la brochure officielle,
les organisateurs introduisent que « le Moyen-Orient est le berceau du christianisme,
mais les bouleversements récents ont confronté les communautés chrétiennes à de graves
défis dans la région. » En conséquence, la conférence vise à réunir les chefs de toutes
les Eglises chrétiennes du Moyen-Orient afin, expliquent les organisateurs, « de leur
donner une voix qui sera entendue sur la scène mondiale. » Et de préciser que « ce
n’est qu’en identifiant clairement, en discutant et en se documentant que des solutions
à ces défis peuvent être trouvées pour, si Dieu le veut, assurer de manière continue
la sécurité et la prospérité du christianisme au Moyen-Orient reconnu comme une partie
indélébile et essentielle de la riche tapisserie du Moyen-Orient. »
Pas moins
de 70 patriarches, délégués patriarcaux, évêques, prêtres et autres responsables de
l’ensemble des communautés chrétiennes de la région sont réunis pendant deux jours
dans le cadre de différentes sessions d’étude dédiées, notamment, aux récents développements
de la situation en Egypte, en Syrie, en Irak, au Liban, en Irak, en Jordanie et à
Jérusalem. La listes des participants est longue mais notons – en plus du cardinal
Jean-Louis Tauran, Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux,
et qui représente le Saint-Siège – la présence de S.B. Fouad Twal (Patriarche latin
de Jérusalem), de S.B. Théophilos III (patriarche orthodoxe de Jérusalem), de S.B.
Nourhanne Maniougan (patriarche arménien orthodoxe). Participera également le patriarche
grec orthodoxe d’Antioche, Yohanna X al-Yazigi, résident à Damas et frère du Métropolite
d’Alep, Boulos al-Yazigi, enlevé en avril dernier par des ravisseurs encore aujourd’hui
inconnus, en compagnie du Métropolite syro orthodoxe d’Alep, Gregorios Yohanna Ibrahim.
Les
chrétiens d’Orient main dans la main
Avec les violences dont les chrétiens
sont victimes en Egypte, en Irak et la crise syrienne au cœur, les chrétiens endurent.
L’actualité régionale est de plus en plus tendue, les communautés chrétiennes partagent
le sort de tous face à la violence des combats et des attentats mais qui plus est,
se voient souvent dénier la qualité de citoyens. Les chefs des Eglises chrétiennes
ont fait front uni de l’Irak au Liban, de la Syrie en Terre Sainte, pour s’élever
contre les risques encourus par leurs fidèles si une intervention armée étrangère
doit avoir lieu en Syrie.
La levée de bouclier n’a pas tardé. Le Patriarche
latin de Jérusalem s’interroge sur la légitimité d’éventuelles frappes. L’évêque d’Alep,
Mgr Antoine Audo évoque un risque d’une « guerre mondiale ». Le patriarche maronite
Bechara Boutros Raï a accusé « des pays, surtout de l’Occident mais aussi de l’Orient
» de « fomenter tous ces conflits ». « Nous sommes en train de voir la destruction
totale de ce que les chrétiens ont pu construire durant 1 400 ans de cohabitation
avec les musulmans », a-t-il estimé. Et tout aussi fort, le patriarche irakien Louis
Raphaël Sako, patriarche des chaldéens, dénonce une opération apte « à faire exploser
un volcan destiné à emporter l’Irak, le Liban, la Palestine. Et peut-être que quelqu’un
veut précisément cela. » La peur que « le scénario de l’Irak se répète » est constamment
évoquée, de même que la perte d’une « laïcité » qui rendait vivable la cohabitation
au Moyen-Orient.
Main dans la main, de tout le Moyen-Orient, les Eglises se
sont senties soutenues par l’appel du Pape pour une journée de jeûne et de prière,
le 7 septembre. L’agence vaticane Fides rapporte que l’appel « a fait brèche dans
les cœurs à tous les niveaux, chez les évêques comme chez les simples fidèles. Les
communautés chrétiennes en Syrie, au Moyen-Orient et celles de la diaspora sont heureuses
et se préparent à s’unir au jeûne et à la prière. »
Christophe Lafontaine (
site web du Patriarcat latin de Jérusalem)