En Colombie, les ministres ont proposé lundi leur démission collective. Ils veulent
permettre au président Juan Manuel Santos de remanier, en toute liberté, le gouvernement.
Cette décision fait suite à la fronde sociale que connaît le pays ces dernières semaines.
C’est la crise la plus importante depuis l’arrivée au pouvoir de Juan Manuel Santos
en 2010.
"Il y a un problème, comme toujours dans ce genre de situation, de
partage des bénéfices de la croissance. Il ne s’agit pas de demander des emplois,
puisque le marché de l’emploi s’est amélioré, mais une meilleure répartition des gains,
une meilleure protection de la nature, une meilleure qualité de vie", explique Jean-Jacques
Kourliandsky, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques,
spécialiste de l’Amérique latine.
Lundi, les camionneurs ont annoncé leur intention
de prendre le relais de la protestation paysanne commencée il y a deux semaines. Une
partie des paysans ont signé des accords partiels la semaine dernière.
"Le
président est pris par le calendrier électoral"
"Il y a des revendications
multiples, le tout sur un fond, qui est très particulier à la Colombie, qu’est celui
des négociations engagées par le gouvernement avec la guérilla des Farcs", précise
Jean-Jacques Kourliandsky. Le chef de l'État a engagé depuis un an un processus de
paix avec la principale guérilla du pays, en lutte depuis près d'un demi-siècle.
Les
autorités poursuivent les négociations avec d’autres secteurs paysans, dans le sillage
de pourparlers engagés avec des mineurs indépendants et des communautés indigènes
également en conflit.
Une crise sociale qui pourrait freiner le président Juan
Manuel Santos pour son éventuelle réélection en 2014. Selon le chercheur à l’Institut
de relations internationales et stratégiques : "Le président est pris par le calendrier
électoral, ce qui le conduit nécessairement à faire des concessions en vue d’apaiser
le conflit. Donc c’est comme ça qu’il faut s’en doute interpréter l’envoi de ministres
sur le terrain, avec manifestement comme feuille de route, de trouver dans les plus
brefs délais les bases d’un accord avec les différentes catégories sociales qui manifestent
sur le terrain ou dans la rue".
Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’institut
de relations internationales et stratégiques, spécialiste de l’Amérique latine, interrogé
par Audrey Radondy