Le roi Abdallah II de Jordanie et le Pape François :" Pour mettre fin au conflit syrien,
dialoguer et négocier, la seule option"
Le pape François a reçu ce jeudi matin en audience pour la première fois le roi de
Jordanie, Abdallah II et son épouse Rania. La rencontre privée, très cordiale, à laquelle
a participé la reine, a duré une vingtaine de minutes. Les souverains ont été accueillis
par le Pape dans la Salle du Petit Trône, pour passer ensuite dans la Bibliothèque.
« Bienvenue Majesté », telles ont été les paroles d'accueil du Pape, en anglais.
Le Roi Abdallah à son tour a salué le Saint-Père en déclarant, lui aussi en anglais,
que « c’était un plaisir et un honneur de le rencontrer, et qu’il lui portait les
salutations de sa famille et de tout le peuple jordanien ». « C’est un immense honneur
que de vous rencontrer », déclarait à son tour la reine Rania. Le roi Abdallah a entamé
alors la conversation en soulignant « l’immense respect qu’il a pour ce que fait
le Pape et aussi l’Eglise catholique ».
Dialogue et négociation pour mettre
fin au conflit en Syrie
Au cours de l’entretien cordial, plusieurs thèmes
d’intérêt commun ont été abordés, surtout la promotion de la paix et de la stabilité
au Moyen-Orient, et particulièrement la reprise des négociations entre Israéliens
et Palestiniens, et la question de Jérusalem. Une attention spéciale a été réservée
à la situation tragique vécue par la Syrie. A ce propos, a été réaffirmé que la voix
du dialogue et de la négociation entre toutes les composantes de la société syrienne,
avec le soutien de la communauté internationale, représente la seule option pour mettre
fin au conflit et aux violences qui chaque jour causent la perte de tant de vies humaines,
surtout au sein de la population sans défense. »
Le communiqué du Vatican précise
aussi que « l’on a exprimé une grande satisfaction pour l’engagement du Roi Abdallah
dans le domaine du dialogue interreligieux et pour l’initiative de convoquer à Amman,
au début du mois de septembre, une Conférence sur les défis que les chrétiens doivent
affronter au Moyen-Orient, particulièrement en cette période de changements socio-politiques.
» « Enfin, on a souligné la contribution positive que les communautés chrétiennes
apportent aux sociétés de la région, dont elles sont parties intégrantes ».
La
délégation accompagnant les souverains de Jordanie était composée de sept personnes
qui n'ont pas assisté à la rencontre privée avec le Pape. Deux personnes de cette
délégation et le Roi Abdallah ont ensuite rencontré le Cardinal secrétaire d'Etat,
Tarcisio Bertone, et Mgr Mamberti, secrétaire pour les relations avec les Etats.
Une
visite avec pour toile de fond les crises syrienne et égyptienne
Cette
visite s'inscrit dans le contexte extrêmement tendu des crises syrienne et égyptienne.
La Jordanie, frontalière de la Syrie, connaît un important afflux de réfugiés syriens.
Le Saint-Siège et le pape lui-même, ainsi que tous les patriarches de la région, prônent
le retour au dialogue et souhaitent que l’on évite les solutions armées pour mettre
fin au conflit.
Mercredi, lors d’une rencontre à Amman, le roi Abdallah II
et le président palestinien Mahmoud Abbas ont appelé à une solution "globale" en Syrie,
alors que plusieurs pays occidentaux semblent sur le point de lancer une action militaire
contre Damas. Le ministre de l'Information jordanien Mohammed Momani a affirmé par
ailleurs que son pays ne servirait pas de "rampe de lancement" pour une éventuelle
intervention militaire en Syrie.
Mgr Maroun Lahham, vicaire du patriarche
latin de Jérusalem pour la Jordanie, a lui aussi exprimé ses inquiétudes face à la
possibilité d'une intervention militaire en Jordanie, et l'espoir que prévale la raison.