Une intervention contre la Syrie placée sous la conduite des Etats-Unis constituerait
« un malheur. Cela équivaudrait à faire exploser un volcan. L’explosion serait destinée
à emporter l’Irak, le Liban, la Palestine et peut-être quelqu’un recherche-t-il justement
cela ». C’est en ces termes que le Patriarche de Babylone des Chaldéens, Mgr Louis
Raphaël I Sako, fait part de son état d’esprit alarmé à propos de la perspective d’une
attaque extérieure, désormais considérée comme imminente, contre le régime d’Assad.
Se trouvant à la tête de la plus consistante communauté chrétienne présente en Irak,
l’éventuelle intervention occidentale en Syrie rappelle fatalement l’expérience vécue
par son peuple.
Dix ans après l'intervention étrangère en Irak, c'est toujours
le chaos
« Dix ans après l’intervention de la coalition qui abattit Saddam
Hussein, fait remarquer à l'agence Fides le Patriarche, notre pays est encore martyrisé
par les bombes, les problèmes de sécurité, l’instabilité, la crise économique ». Et
de fait, une vague d'attentats coordonnés a frappé mercredi matin Bagdad et ses environs,
faisant au moins 40 morts et plus de 140 blessés, alors que l'Irak a renoué depuis
quelques mois avec le niveau de violences connu en 2008 lorsque le pays sortait à
grand peine d'une quasi-guerre civile opposant sunnites et chiites. Depuis le début
2013, plus de 3.700 personnes ont péri dans des attentats.
En outre, dans le
cas de la Syrie, les choses sont encore plus compliquées selon le Patriarche chaldéen
et ce à cause de la difficulté consistant à appréhender les dynamiques réelles de
la guerre civile qui déchire depuis des années cette nation. «Le seul chemin possible
en Syrie comme ailleurs consiste dans la recherche de solutions politiques : pousser
les combattants à négocier, imaginer un gouvernement provisoire impliquant tant les
partisans du régime que les forces d’opposition et ce en écoutant ce que veut vraiment
le peuple syrien dans sa majorité ».
Quelle justification à l'intervention
militaire ?
Le Patriarche chaldéen se montre également prudent quant au
choix de justifier l’intervention comme des représailles inévitables contre l’usage
d’armes chimique de la part de l’armée syrienne. « Les occidentaux, rappelle le Patriarche,
ont justifié l’intervention contre Saddam Hussein en l’accusant de posséder des armes
de destruction massive. Mais ces armes n’ont pas été trouvées »
Violences quotidiennes
en Irak, situation explosive en Syrie. Le patriarche de Babylone des Chaldéens,
Louis Raphaël I Sako confie ses craintes à Antonino Galofaro
(Photo:
ce 28 août, dans le nord de Bagdad, attentat à la voiture piégée)