2013-08-20 14:58:36

En Malaisie, "Allah" n'est que pour les musulmans


En Malaisie, la guerre juridique autour du terme Allah n’est pas terminée. Cette querelle, qui a fortement contribué à détériorer les relations entre chrétiens et musulmans, sera une nouvelle fois examinée par la justice jeudi. Des groupes et des partis musulmans contestent aux chrétiens l’usage du terme “Allah” pour désigner Dieu ; ils les accusent d’appropriation indue voire de sacrilège criminel contre l’islam, alors qu’il n’existe pas d’autre mot pour indiquer Dieu en malais, la langue parlée par 60% des chrétiens de Malaisie. C’est le terme utilisé dans la Bible, les publications et les livres de prière chrétiens. C’est d’ailleurs le mot utilisé par les chrétiens du monde arabe.

Tribunaux, procédures judiciaires, recours

La controverse a commencé en 2008 lorsque, en vertu d’une disposition gouvernementale interdisant l’usage du terme Allah de la part des non musulmans, le ministre de l’intérieur de l’époque avait menacé de bloquer la publication d’un journal catholique. L’Eglise avait alors lancé une procédure judiciaire à l’encontre de cette disposition. En 2009, dans un climat extrêmement tendu, une décision de justice portant sur ce contentieux avait donné raison à l’Église catholique, indiquant le terme Allah comme « non exclusif de l’islam ». Mais cette décision n’avait pas apaisé les tensions. Elle avait, au contraire, provoqué un déchainement de violence antichrétienne. Peu après, le gouvernement avait présenté un recours devant la Haute Cour. Il y a quelques semaines, l’Eglise catholique a présenté au tribunal une instance d’annulation du recours présenté par le gouvernement. La bataille est donc ouverte.

Des relations diplomatiques récentes

De plus, les tensions interreligieuses se sont exacerbées le mois dernier quand le tout nouveau nonce apostolique en Malaisie, Mgr Joseph Marino, a affirmé dans une interview que la position de l’Eglise catholique était logique et acceptable et que la religion ne pouvait être source de discorde dans la société. Ses propos avaient suscité un tollé, certains groupes réclamant son expulsion. Le gouvernement lui-même avait invoqué le principe de non-ingérence. Ces jours derniers, le ministre de l’intérieur a invité les musulmans à unir leurs forces, par-delà leurs clivages et leurs intérêts particuliers, pour défendre ce « droit absolu de l’Islam », à savoir que le mot Allah est réservé aux musulmans. Les relations diplomatiques entre la Malaisie et le Saint-Siège ont été instaurées en 2011.

Décryptage d’une controverse politico-religieuse avec Régis Anouilh, rédacteur en chef de l’agence d’information Eglises d’Asie, au micro de Manuella Affejee. RealAudioMP3


(Photo: prière dans les rues de Kuala Lumpur)







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