Etat d'urgence et un couvre-feu n'y font rien. L'Egypte est devenu "un véritable champ
de bataille" selon l'Agence France Presse où s'affrontent les pro-Morsi et les forces
de l'ordre, obéissant au pouvoir installé par l'armée qui a destitué Mohamed Morsi
le 3 juillet dernier.
Après l’offensive meurtrière de l’armée mercredi contre
les deux sit-ins des pro-Morsi au Caire et les manifestations vendredi des islamistes
qui avaient appelé à un « jour de colère », l’atmosphère est encore électrique ce
samedi. La police a lancé à la mi-journée un assaut sur la mosquée Al-Fath dans le
centre de la capitale où étaient retranchés des islamistes et qu'elle assiégeait depuis
vendredi soir. Echange de tirs, passage à tabac. Au quatrième jour de heurts, il y
aurait plus de 750 morts en Egypte.
Pas de réconcialiation avec ceux
qui ont du sang sur les mains
Les autorités égyptiennes ont assuré
samedi que les membres des Frères musulmans, la confrérie du président déchu Mohamed
Morsi, n'ayant pas commis de violences pourraient participer à la transition dans
le pays. De son côté, le Premier ministre Hazem Beblawi a assuré qu'il n'y aurait
"pas de réconciliation avec ceux qui ont du sang sur les mains et ont violé la loi",
alors que les autorités multiplient les accusations de "terrorisme" à l'encontre des
Frères musulmans.
Les coptes ont également été la cible de nombreuses attaques,
du Delta à la Haute Egypte, puisque des dizaines d’églises ainsi que des commerces
appartenant à des chrétiens ont été brûlés. La communauté chrétienne vit dans la crainte
de nouvelles agressions et les appels à la protéger se multiplient, comme deux hauts
responsables de l'ONU qui ont mis en garde jeudi contre le risque de représailles.
La nation égyptienne menacée
Il serait faux pour autant
de voir dans la crise égyptienne, une dimension interreligieuse. C’est ce qu’explique
Mgr Youhanna Golta. Selon l'évêque auxiliaire d'Alexandrie des coptes catholiques,
l’Egypte a été menacée dans son intégrité même par la politique des frères musulmans,
servant par là des intérêts étrangers, américains en tête. Aujourd’hui le peuple égyptien
se soulève pour refuser la mainmise islamiste. Et ces derniers, aculés, tentent se
semer le chaos. Malgré les évènements sombres que traverse actuellement le pays,
Mgr Golta se veut optimiste et refuse le catastrophisme occidental. Il est temps de
changer le regard sur son pays.
Mgr Golta lance à la fois un vigoureux
plaidoyer pour l’unité dans son pays et un réquisitoire implacable contre la communauté
internationale. Il est interrogé par Olivier Bonnel
Par ailleurs,
le bras de fer qui se joue en Egypte a eu des répercussions à l'étranger. En Libye,
le consulat d'Égypte à Benghazi a été visé par une attaque à l'explosif sans faire
de victime.
A Nazareth, 4.000 Arabes israéliens ont manifesté leur soutien
au président égyptien Mohamed Morsi renversé par l'armée. Vendredi, de précédentes
manifestations pro-Morsi dans la Vieille ville de Jérusalem, ainsi qu'à Hebron en
Cisjordanie avaient rassemblé essentiellement des partisans du mouvement islamiste
palestinien Hamas, issu comme Mohamed Morsi des Frères musulmans.
En Turquie,
des milliers de manifestants se sont rassemblés à Istanbul et Konya dans la centre
à l'appel d'organisations pro-islamistes en faveur du président déchu, conspuant les
"massacres" du régime militaire. La Turquie a durci très fortement le ton envers l'Egypte,
rappelant son ambassadeur au Caire après la répression sanglante des Frères musulmans
mercredi.