Au Bénin, le président Yayi Boni inquiète l'Eglise
Au Bénin, les évêques catholiques sont préoccupés par le malaise socio-politique engendré
par le projet de révision de la constitution, soutenu par le chef de l’Etat Thomas
Yayi Boni. Ce projet controversé prévoit le renforcement de la charge présidentielle
ainsi que du Tribunal constitutionnel. Dans un message, la Conférence épiscopale du
Bénin souligne que l’Eglise n’offre pas de solution technique ou politique ; mais
elle a le devoir moral de faire remarquer qu’en régime démocratique, aucune réforme
qui suscite de fortes tensions et oppositions n’a jamais profité à un peuple qu’elle
divise.
Dans un message publié le 15 août, les évêques lancent un appel pressant
en faveur de la cohésion nationale et de la bonne gouvernance ; ils dénoncent la misère
qui touche une large frange de la population dépourvue du minimum vital face à l’opulence
d’une minorité ; le chômage des jeunes et les rumeurs de complot contre le chef de
l’Etat, dans un climat de méfiance et de suspicion. Le Bénin vit aujourd’hui dans
un climat de fortes tensions, de divisions ouvertes, de malaise profond – relèvent-ils
– D’autant que dans plus d’un pays de la sous-région, l’on est porté à toucher à la
Constitution pour se maintenir indéfiniment au pouvoir. Il faut donc favoriser l’esprit
de service et le bien commun : or cela passe par le dialogue, la paix et la confiance
réciproque.
Les évêques invitent les acteurs politiques et les responsables
de la société civile à s’engager de manière constructive en faveur du bien de la nation
avec honnêteté et sincérité et dans le respect des pactes conclus. Ce dialogue patriotique,
c’est tout le peuple béninois qui le désire et l’attend impatiemment – écrivent les
évêques – il a soif de dirigeants semeurs de confiance et d’espérance, capables de
mobiliser nos énergies et nos intelligences pour construire ensemble un meilleur avenir.
La Conférence épiscopale reprend enfin l’appel lancé par Benoît XVI aux dirigeants
africains los de son voyage au Bénin : « Ne privez pas vos peuples de l’espérance
! N’amputez pas leur avenir en mutilant leur présent ».