Les Frères musulmans ont appelé à de nouvelles manifestations ce jeudi au Caire et
dans toute l’Egypte après les assauts sanglants de mercredi matin contre deux de leurs
rassemblements dans le centre du Caire. A l’heure où nous publions, des centaines
de milliers de personnes défilent dans les rues du Caire et d’Alexandrie notamment.
Le violent assaut mercredi matin des forces de l’ordre égyptienne a provoqué
de vives réactions à travers le monde, tant parmi les pays musulmans que parmi les
pays occidentaux. Tous condamnent la mort de plusieurs centaines de personnes. Selon
le dernier bilan donné par les autorités, 525 personnes ont été tuées dont 482 civils.
Les Frères musulmans, principales cibles de la répression policière, avancent le chiffre
de deux mille personnes.
Préoccupation du Pape
Le pape François,
lors de la prière de l’angélus lors de l’Assomption, a exprimé sa préoccupation pour
ce qui se passe en Egypte. Il a demandé à prier pour les victimes, ainsi que pour
« le dialogue, la réconciliation et la paix ».
La matinée de jeudi a été relativement
calme au Caire mais la tension est remontée dans l’après-midi. Des manifestants ont
incendié le siège de la province de Guizeh, dans l’ouest de l’agglomération du Caire.
Dans la péninsule du Sinaï, sept soldats ont été tués lors de l’attaque d’un barrage
à Al Arich : un policier a perdu la vie également dans la ville d’Al Arich. Le gouvernement
a autorisé les policiers à tirer à balles réelles sur les personnes qui se montreraient
violentes ou qui attaqueraient tout bâtiment public.
Les coptes victimes
de représailles
Des églises chrétiennes ont été attaquées depuis mercredi
après-midi en représailles contre les assauts meurtriers du Caire. Les coptes notamment
sont les premiers visés. Les partisans de Mohammed Morsi les considèrent comme des
soutiens des militaires et du gouvernement provisoire qui ont pris la place du président
déchu le 3 juillet et toujours détenu. Des églises de différentes confessions ont
été attaquées et brûlées notamment à Assiout dans le centre du pays comme nous l’a
confié Mgr Kyrillos William, l’évêque copte-catholique de la ville.
Tous ces
derniers événements font craindre parmi les chancelleries internationales une dégradation
de la situation en Egypte qui pourrait mener le pays à la guerre civile. Plusieurs
pays européens dont la France, l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni, ont convoqué
leur ambassadeur d’Egypte pour exprimer leur inquiétude et demander des explications.
Les ministres européens des Affaires étrangères devraient se retrouver la semaine
prochaine pour étudier la situation en Egypte.
Barack Obama condamne les
assauts meurtriers
Parmi les réactions attendues, celles du président américain,
Barack Obama. Depuis sa résidence d’été, il a dénoncé jeudi en début de journée, la
répression de mercredi. Le chef de la Maison Blanche a annoncé l’annulation de manœuvres
militaires conjointes avec l’armée égyptienne prévues le mois prochain. Il n’a cependant
pas remis en question la coopération militaire entre l’Egypte et les Etats-Unis, ce
qui passe par une aide financière de 1,3 milliard de dollars. Dans son allocution
télévisée, le président américain a affirmé que c’était aux Egyptiens de déterminer
leur avenir, appelant au respect du droit de manifester.
Navi Pillay, la
haute commissaire de l’ONU en charge des droits de l’Homme demande quant à elle, une
enquête sur les agissements des forces de sécurité en Egypte afin que les coupables
répondent de leurs actes.
Photo : des partisans de Mohammed Morsi continuent
de manifester malgré la répression sanglante de mercredi