2013-08-06 17:58:57

Nord-Est de la RDC : la population livrée à elle-même


Les conditions de vie de la population sont de plus en plus difficiles dans la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo. La lutte entre les milices armées et l’armée gouvernementale fait rage depuis trois ans dans cette région des Grands Lacs, en particulier autour de la ville de Goma, la capitale régionale. En RDC, plus vaste pays d’Afrique, les groupes armés, les convoitises des pays voisins et les violences récurentes laissent une population civile dans le plus grand dénuement. Le président du Secours Catholique François Soulage s’est rendu en République démocratique du Congo (RDC) au début du mois de juillet. Il dresse un constat alarmant de la situation.

Le Nord-Est de la RDC est devenu au fil des mois un pays de déplacés. Ainsi, Goma a accueilli près d’un million de déplacés, des populations venues des montagnes de l’intérieur du Congo qui ont fui les groupes armés. « Les réfugiés vivent dans une trentaine de camps de tentes, envahissant tous les espaces possibles et coupant les arbres autour pour se chauffer » explique François Soulage, ils n’ont aucune ressource et dépendent du Programme alimentaire mondial (PAM), avec qui la Caritas Goma travaille pour la distribution de nourriture.

Des villes qui se transforment en camps de réfugiés


Le Président du Secours Catholique revient sur le pillage en règle des groupes armés qui terrorisent la région : les paysans n’ont plus d’outil, ni tracteurs et attelages de bœufs. Tout a été pris par les groupes armés. La situation est également critique à Bukavu, dans le Sud-Kivu. Il y a dix ans, explique François Soulage, cette ville de 200 000 habitants avait l’eau et l’électricité courantes. Aujourd’hui, avec un million de personnes en plus, il y a des coupures d’électricité constantes et quasiment pas d’eau potable.


Dans ce pays où l’État a disparu, les ONG sont le seul recours pour ces populations, et l’Église ne ménage pas ses efforts, notamment à travers le réseau des Caritas locales, qui sont soutenues par le Secours Catholique. La priorité actuelle est de travailler sur l’accès et la qualité de l’eau. Pour gérer cet outil hydraulique, les villageois doivent constituer un comité de gestion. Les personnes le composant sont rémunérées par les petites cotisations que versent les usagers. On sort ainsi du système de la gratuité, cela implique les habitants.

L'Église locale, facteur de progrès

Faire en sorte que la population locale devienne actrice de son développement : telle est la volonté de l’Église catholique qui a mis en place des « communautés ecclésiales vivantes » sur tout le territoire, poursuit François Soulage. Présentes dans les grandes paroisses, ces communautés sont constituées d’une trentaine de familles avec un responsable Caritas qui récolte une partie des quêtes pour soutenir les indigents de la communauté. L’Église en RDC est aujourd’hui un vrai facteur de progrès car ces communautés de bases sont très diverses dans leurs actions constate le président du Secours catholique.

La communauté internationale reste impuissante face à la guerre que se livrent le gouvernement à Kinshasa et les milices. Mi-juillet, le secrétaire général de la conférence épiscopale de RDC, le père Léonard Santedi, lançait « un appel pressant et pathétique aux Nations Unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine et aux gouvernements des autres pays impliqués de quelque manière que ce soit dans cette guerre, afin qu’ils s’engagent résolument à mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré ». (Source: Secours Catholique) Olivier Bonnel

(Photo: une vieille femme congolaise, près de Goma, le 4 août 2013)








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