Nord-Est de la RDC : la population livrée à elle-même
Les conditions de vie de la population sont de plus en plus difficiles dans la province
du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo. La lutte entre les milices armées
et l’armée gouvernementale fait rage depuis trois ans dans cette région des Grands
Lacs, en particulier autour de la ville de Goma, la capitale régionale. En RDC, plus
vaste pays d’Afrique, les groupes armés, les convoitises des pays voisins et les violences
récurentes laissent une population civile dans le plus grand dénuement. Le président
du Secours Catholique François Soulage s’est rendu en République démocratique du Congo
(RDC) au début du mois de juillet. Il dresse un constat alarmant de la situation.
Le Nord-Est de la RDC est devenu au fil des mois un pays de déplacés. Ainsi,
Goma a accueilli près d’un million de déplacés, des populations venues des montagnes
de l’intérieur du Congo qui ont fui les groupes armés. « Les réfugiés vivent dans
une trentaine de camps de tentes, envahissant tous les espaces possibles et coupant
les arbres autour pour se chauffer » explique François Soulage, ils n’ont aucune ressource
et dépendent du Programme alimentaire mondial (PAM), avec qui la Caritas Goma travaille
pour la distribution de nourriture.
Des villes qui se transforment en camps
de réfugiés
Le Président du Secours Catholique revient sur le pillage
en règle des groupes armés qui terrorisent la région : les paysans n’ont plus d’outil,
ni tracteurs et attelages de bœufs. Tout a été pris par les groupes armés. La situation
est également critique à Bukavu, dans le Sud-Kivu. Il y a dix ans, explique François
Soulage, cette ville de 200 000 habitants avait l’eau et l’électricité courantes.
Aujourd’hui, avec un million de personnes en plus, il y a des coupures d’électricité
constantes et quasiment pas d’eau potable.
Dans ce pays où l’État a disparu,
les ONG sont le seul recours pour ces populations, et l’Église ne ménage pas ses efforts,
notamment à travers le réseau des Caritas locales, qui sont soutenues par le Secours
Catholique. La priorité actuelle est de travailler sur l’accès et la qualité de l’eau.
Pour gérer cet outil hydraulique, les villageois doivent constituer un comité de gestion.
Les personnes le composant sont rémunérées par les petites cotisations que versent
les usagers. On sort ainsi du système de la gratuité, cela implique les habitants.
L'Église
locale, facteur de progrès
Faire en sorte que la population locale devienne
actrice de son développement : telle est la volonté de l’Église catholique qui a mis
en place des « communautés ecclésiales vivantes » sur tout le territoire, poursuit
François Soulage. Présentes dans les grandes paroisses, ces communautés sont constituées
d’une trentaine de familles avec un responsable Caritas qui récolte une partie des
quêtes pour soutenir les indigents de la communauté. L’Église en RDC est aujourd’hui
un vrai facteur de progrès car ces communautés de bases sont très diverses dans leurs
actions constate le président du Secours catholique.
La communauté internationale
reste impuissante face à la guerre que se livrent le gouvernement à Kinshasa et les
milices. Mi-juillet, le secrétaire général de la conférence épiscopale de RDC, le
père Léonard Santedi, lançait « un appel pressant et pathétique aux Nations Unies,
à l’Union européenne, à l’Union africaine et aux gouvernements des autres pays impliqués
de quelque manière que ce soit dans cette guerre, afin qu’ils s’engagent résolument
à mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré ». (Source: Secours Catholique)
Olivier Bonnel
(Photo: une vieille femme congolaise, près de Goma, le 4 août
2013)