Qui est le nouveau président de la République islamique d’Iran ? Hassan Rohani, 64
ans, proche du Guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Khamenei, n’est pas un
inconnu pour les Iraniens qui l’ont élu dès le premier tour de la présidentielle.
Retour sur la figure de Hassan Rohani avec Yann Richard, professeur émérite
à Paris Sorbonne nouvelle et spécialiste de l’Iran, auteur de « L’Iran de 1800 à nos
jours » aux éditions FlammarionPropos recueillis
par Xavier Sartre
Après l’agitation des deux mandats de Mahmoud Ahmadinejad,
Hassan Rohani apparait comme un modéré, ce que semble confirmer, selon Yann Richard,
professeur émérite à Paris Sorbonne nouvelle et spécialiste de l’Iran, le choix de
ses ministres : « il n’y en a qu’un qui a travaillé avec Mahmoud Ahmadinejad ». «
Il veut plutôt se rapprocher de Khatami (1997-2005) qui a laissé un bon souvenir auprès
des occidentaux ».
« Reste à savoir si les occidentaux, vu la crise syrienne,
vu toutes les turbulences du Moyen-Orient, sont prêts à prendre la main qui leur est
tendue », s’interroge le professeur. Car le nouveau président est prêt au dialogue
sur le dossier délicat du programme nucléaire de son pays qui a poussé les Occidentaux
à prendre des sanctions contre l’Iran. Il l’a affirmé publiquement lors de sa prestation
de serment dimanche devant le parlement. Certes, la position officielle de l’Iran
sur la question ne changera pas. Téhéran revendique toujours le droit d’avoir accès
à la technologie nucléaire.
Les sanctions, la priorité pour le gouvernement
Le
dossier du nucléaire est perçu comme une priorité aussi bien par les Occidentaux que
par les Iraniens eux-mêmes, directement confrontés aux conséquences des sanctions
imposées notamment par les Etats-Unis et l’Union européenne. L’économie iranienne
en souffre beaucoup, la monnaie ne vaut plus rien, et les Iraniens peinent à voyager
à l’étranger.
Pour le chercheur, il faut que les Occidentaux prennent en compte
le fait que les « Iraniens sont fiers d’avoir accès à cette technologie et d’être
ainsi considérés comme une puissance ». « Il n’y a pas de raison pour eux qu’on leur
interdise de développer cette technologie sous prétexte qu’elle a des applications
militaires quand Israël, le Pakistan et l’Inde, des pays avec lesquels les Occidentaux
ont des contacts étroits, ont tous les trois des armements nucléaires et que cela
ne nous pose pas de problème. » Les Iraniens veulent la technologie nucléaire et pour
Yann Richard, « il faudra un jour qu’on le reconnaisse ».