Boko Haram, un problème de corruption selon un évêque nigérian
La secte islamiste Boko Haram n’en finit pas de semer la terreur au Nigeria. Dernières
attaques le 30 juillet où plusieurs explosions ont eu lieu dans des bars d’un quartier
de Kano, deuxième ville du pays. Face à cette violence endémique, les chrétiens ne
perdent pas courage. Dans une interview accordée à l’Aide à l’Église en détresse,
l’évêque de Maiduguri, Mgr Oliver Dashe Doeme souligne que les fidèles de son diocèse
sont « très courageux et n’ont pas peur », Même peu après les attentats terroristes
contre des églises, les gens continuent de venir « en grand nombre » aux offices religieux
explique le prélat, et malgré le danger de mort et les menaces permanentes, les prêtres
restent dans leurs paroisses et continuent d’assurer leur service ».
Mais
la lutte contre la secte islamique n’est pour l’évêque pas un problème religieux ou
uniquement sécuritaire, c’est avant tout une question politique qui met le doigt sur
les maux du Nigeria. Mgr Dashe Doeme désigne ainsi « Boko Haram » comme un « produit
de la corruption ». Selon lui, pour restaurer la paix, il est donc indispensable de
lutter contre la corruption sévissant dans tout le pays et d’offrir des perspectives
d’avenir aux jeunes. L’évêque dénonce aussi certains groupes qui n’hésitent pas à
manipuler la jeunesse sans perspectives.
Les maux ne viennent pas des différends
ethniques ou religieux
L’évêque de Maiduguri dénonce également une mauvaise
redistribution des ressources naturelles du pays, en particulier la rente pétrolière.
La corruption ainsi que la concentration unilatérale de l’économie sur l’extraction
de pétrole, aux dépens d’autres secteurs économiques, notamment l’agriculture, qui
ne bénéficie d’aucun appui, constitue un énorme inconvénient pour ce pays d’Afrique
occidentale. Il est donc essentiel d’agir.
Selon Mgr Doeme, l’Église au nord
du Nigeria doit affronter de grands défis pour reconstruire ses sanctuaires et autres
édifices religieux dévastés par les attentats terroristes et pour assurer la pastorale
des veuves et des orphelins.Les attentats de Boko Haram et la répression menée par
les forces de sécurité ont fait au moins 3.600 morts depuis le début de l’insurrection
en 2009, selon l’ONG Human Rights Watch. (Avec AED)
(Photo: un soldat nigerian
patrouillant près d'un ancien camp de Boko Haram dans l'état de Borno)