Après la venue du pape, l'avortement revient dans les débats au Brésil
Quatre jours après le départ du pape François, la présidente brésilienne Dilma Rousseff
a promulgué jeudi une loi visant à protéger les victimes de violences sexuelles. Cette
loi est cependant critiquée par l'Église catholique qui y voit un premier pas vers
une dépénalisation élargie de l'avortement. La loi rend obligatoire le traitement
d'urgence des victimes de violences sexuelles dans les hôpitaux publics (et gratuits)
et leur accès à des médicaments pour empêcher une grossesse non désirée, comme la
pilule du lendemain. La mesure est dénommée « prophylaxie de la grossesse ». La direction
de la Conférence nationale des évêques du Brésil a déclaré « qu'associer la grossesse
à une maladie qui doit être évitée, avec le terme prophylaxie, était inadmissible
».
Au Brésil, l'avortement est déjà autorisé en cas de viol, jusqu'à huit
semaines de grossesse, quand le fœtus présente une malformation congénitale sévère
et qu’il ne survivra pas à la naissance, ou quand la vie de la mère est en danger.
Le thème de l’avortement avait suscité un vif débat pendant la campagne pour l'élection
présidentielle de 2010. Dilma Rousseff s'était engagée par écrit à ne pas promouvoir
une libéralisation totale.
Un sujet brûlant dans le pays
Avant
le vote, le chef de cabinet à la présidence Gilberto Carvalho a reçu des prêtres et
des laïcs des mouvements pour la vie qui lui ont remis une demande de veto. Il a déclaré
que les religieux « avaient été durs » avec la présidente mais que le gouvernement
écoutait également les groupes féministes.
Pendant son séjour d'une semaine
au Brésil, le pape François n'a pas abordé la question, mais le 27 juillet, sur la
plage de Copacabana, où il devait présider la veillée, un millier de militants de
la cause féminine ont défilé en faveur de l’avortement et du mariage gay, brisant
des croix et des statues de saints et scandant des slogans anticatholiques. Ils ont
suscité l’indignation y compris dans les rangs des laïcs.
(Photo: le pape et
Dilma Rousseff, le 22 juillet à Rio)