Le pape François est rentré à Rome au terme d’un voyage d’une semaine au Brésil au
cours duquel il a présidé les 28° journées mondiales de la jeunesse et livré des orientations
à l’Église d’Amérique latine, son continent d’origine. Car si le premier voyage international
de son pontificat s’adressait en priorité aux jeunes, l’ancien archevêque de Buenos
Aires en a profité pour s’exprimer également au sujet d’une situation qu’il connaît
très bien, celle du catholicisme latino-américain, riche mais menacé.
Au Brésil,
le Saint-Père a prononcé seize discours et posé des gestes spontanés qui ont touché
les cœurs : la vitre de sa voiture baissée pour mieux saluer la foule, caresser les
enfants et recevoir des lettres et les objets à bénir que lui tendaient les fidèles,
ou encore un verre de maté, boisson traditionnelle en Amérique latine ; l’émotion
qu’il n’a pas cachée lors de sa visite dans une favela ; les cartoneros invités à
le rejoindre sur le podium, au cours du Chemin de croix, ces chômeurs, victimes de
la crise de 2001, en Argentine qui récupèrent le carton ou autre matériel recyclable
dans les rues des villes ; son interview en toute simplicité dans un studio de la
radio officielle de l’archidiocèse de Rio : « Je pense – a-t-il dit – qu’une radio
catholique est aujourd’hui notre tribune la plus accessible pour annoncer les valeurs
humaines et religieuses, et surtout pour annoncer Jésus-Christ, lui réserver un espace
dans notre vie ».
Les chrétiens doivent avoir le courage de se rebeller
Le
premier pape latino-américain de l’histoire a prêché la solidarité, la rencontre et
le dialogue contre la culture du rebut qui met à l’écart les improductifs, et contre
la logique du pouvoir et du gain à tout prix. Il a pris la défense de la famille,
essentielle pour la survie de l’humanité, qu’on le veuille ou pas. Il s’est prononcé
contre la libéralisation des drogues et en faveur de la justice sociale.
Pour
lui, les chrétiens doivent garder l’espérance, se laisser surprendre par Dieu et vivre
dans la joie. Pour lui, la foi est révolutionnaire et elle pousse les croyants à aller
à contre-courant, contre la culture du provisoire, « aller, sans peur, pour servir
». Le pape François veut des disciples missionnaires qui n’aient pas peur de sortir
dans la rue en faisant du tapage. Une Eglise qui évite le piège de la richesse, du
confort et du cléricalisme, faute de quoi elle se réduira à une simple ONG. « Je n’ai
ni or ni argent – avait-il dit dans son premier discours – J’apporte ce que j’ai de
plus précieux : Jésus-Christ » !
Premier résultat direct de la visite du pape
: sur l’immense terrain qui aurait dû accueillir la veillée de prière et la messe
conclusive, mais rendu impraticable par la pluie intense, seront construits des logements
pour 20 000 pauvres, à l’initiative de l’Eglise et de la municipalité de Rio. (Isabelle
Piro)