Le Pape prône le "dialogue constructif" pour affronter le présent
Politiques, diplomates, chefs d’entreprise, universitaires, représentants de la société
civile, du monde de la culture et des principales communautés religieuses. Samedi
en fin de matinée, les élites du Brésil s’étaient rassemblées au théâtre municipal
de Rio, icône de l’architecture brésilienne du 19° siècle. Les rencontres avec la
classe dirigeante du pays figurent presque toujours sur l’agenda des voyages pontificaux
à l’étranger. Et c’est en espagnol, sa langue maternelle, que le pape François s’est
adressé à ce parterre prestigieux pour mieux exprimer – a-t-il dit – ce qu’il porte
dans son cœur. Le pape qui souhaite des actions audacieuses face aux cris qui continuent
de réclamer justice.
Rétablir le sens éthique
La responsabilité
sociale, pour le pape argentin, c’est une priorité. Il ne pouvait manquer d’en parler
devant les décideurs d’un immense pays émergeant. Le Saint- Père a plaidé en faveur
d’une vision humaniste de l’économie et pour une plus large participation politique
afin d’éviter les élitismes et de déraciner la pauvreté. Personne – a-t-il martelé
– ne peut être privé du nécessaire ; la dignité, la fraternité et la solidarité, tout
le monde y a droit. C’est l’avenir qui l’exige et c’est la route à suivre. Pour le
pape François, le grand défi historique aujourd’hui est de rétablir le sens éthique
; un défi sans précédent. La rationalité scientifique et technique ne suffit pas ;
dans la situation actuelle elle doit aller de paire avec une responsabilité sociale
profondément solidaire. Or cela passe résolument par le dialogue – a insisté le Souverain
pontife.
Le dialogue pour trouver une solution aux conflits sociaux
Entre
l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible
: le dialogue, entre les générations, avec les peuples, entre les différentes richesses
culturelles. Les démocraties – a-t-il averti - ne sont pas à l’abri du risque de représenter
uniquement les intérêts constitués. D’où la nécessité d’une forte contribution des
énergies morales. Le pape François est favorable à la laïcité de l’Etat à condition
qu’elle respecte et valorise la présence du facteur religieux dans la société avec
ses expressions concrètes – a-t-il précisé. Il a souhaité que la nation brésilienne
puisse continuer à se développer dans le plein respect des principes éthiques fondés
sur la dignité transcendante de la personne. Une vision qui a beaucoup reçu de la
sève de l’Evangile par l’intermédiaire de l’Eglise catholique. Le christianisme unit
transcendance et incarnation. Pour les chrétiens, le bien commun passe par l’humanisation
intégrale de la société et par la culture de la rencontre. C’est là-dessus qu’il faut
miser, faute de quoi tous seront perdants.
Le témoignage poignant d'un jeune
sorti de la drogue
Auparavant, un jeune de 28 ans avait pris la parole
devant le Souverain Pontife au nom de la société civile. Orphelin, ancien drogué ayant
vécu dans une favela, il a raconté son histoire avec émotion. Il s’en est sorti grâce
à sa communauté paroissiale, et a pu achever ses études d’histoire à l’Université
catholique de Rio gérée par les jésuites. Il a évoqué la souffrance sociale des jeunes
et les efforts déployés pour rétablir la paix, la justice, l’espérance. Il a parlé
des dangers sournois qui se cachent dans l’univers numérique, les incohérences et
les inégalités, la pauvreté et la mort, la misère et la souffrance. Des jeunes drogués
et sans abris participent aux JMJ - a-t-il noté - Mais il y a aussi tant de jeunes
violents ou violentés. Il y a des jeunes qui rêvent d’une nouvelle aube, qui sont
descendus dans la rue pour revendiquer une vie plus digne, qui veulent construire
un monde nouveau mais qui manquent de figures de référence. Il s’est félicité que
ces JMJ laisseront un héritage social, un nouveau pavillon de l’hôpital Saint François
visité par le pape mercredi.