Le Pape à Aparecida : " Dieu agit et nous surprend, même dans les difficultés "
C’est à toute l’Eglise de l’Amérique latine que l’ancien archevêque de Buenos Aires
a voulu consacrer son pèlerinage à Notre Dame d’Aparecida, ce mercredi, à 200 km de
Rio de Janeiro où il présidera à partir de jeudi soir les 28° Journées mondiales de
la jeunesse. Aparecida est le deuxième sanctuaire marial le plus visité du continent,
avec 7 millions de pèlerins par an. Sa dévotion est notamment liée aux souffrances
des esclaves noirs du Brésil. Pour s’y rendre, le pape François a sacrifié une journée
de repos qui figurait sur l’agenda initial préparé pour Benoît XVI. Le Saint-Père
a tenu personnellement à accomplir cet acte de dévotion mariale avant de rejoindre
les jeunes.
Dans un message adressé en premier lieu à tous les jeunes catholiques
du continent, le pape a remercié la Vierge d'Aparecida, patronne du Brésil. "Quelle
joie pour moi de venir dans la maison de la Mère de chaque Brésilien ! J'ai voulu
venir ici pour demander à Marie le succès des Journées mondiales de la Jeunesse et
pour déposer à ses pieds la vie du peuple latino-américain", a-t-il lancé. "Que de
difficultés dans la vie de chacun, dans nos communautés ! Mais aussi énormes que ces
difficultés puissent sembler, Dieu ne nous laisse jamais en être submergés".
Résister
à la tentation de l'argent et du pouvoir
Durant cette messe à laquelle
participaient quelques 200 000 personnes, dont la plupart étaient sur l’esplanade
de la basilique sous la pluie, le Pape François a exhorté ces mêmes jeunes à se défier
des "idoles éphémères", comme l'argent et le pouvoir. "De nos jours, tous, un peu,
et nos jeunes aussi, se sentent séduits par beaucoup d'idoles qui se substituent à
Dieu et semblent donner l'espérance : l'argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.
Une sensation de solitude et de vide gagne souvent le cœur de beaucoup et les pousse
à la recherche de compensations, de ces idoles éphémères", devait-il affirmer dans
son homélie.
Le Saint-Père ne manquait pas d’inviter les pasteurs, les parents
et les éducateurs à transmettre aux jeunes les valeurs qui feront d’eux les artisans
d’un monde plus juste, plus solidaire et fraternel et à encourager la générosité qui
les caractérise. Ils sont –a-t-il dit - un moteur puissant pour l’Église et pour la
société. Ils n’ont pas besoin seulement de choses, ils ont besoin avant tout que leur
soient proposées les valeurs immatérielles qui sont le cœur spirituel et la mémoire
des peuples : la solidarité, la persévérance… des valeurs qui trouvent leurs plus
profondes racines dans la foi chrétienne. Reprenant des idées qui lui sont chères,
le pape François a recommandé trois attitudes : garder l’espérance, se laisser surprendre
par Dieu, et vivre dans la joie. Même au milieu des difficultés, Dieu agit et nous
surprend – a-t-il lancé- Le chrétien est joyeux, il ne peut pas être pessimiste !
Aparecida,
où le Cardinal Bergoglio avait marqué les esprits en 2007
Mais le Pape
François ne pouvait se rendre à Aparecida sans se souvenir de ce que ce lieu représente
pour tout l’épiscopat latino-américain et pour lui-même. C’est là que s’est déroulée
en 2007 la V° assemblée générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes,
inaugurée par Benoît XVI. A l’époque, le cardinal Bergoglio avait participé activement
à la rédaction du document conclusif de cette assemblée où il avait fait forte impression.
Un texte majeur, au fort contenu social et politique, visant à redonner un élan d’évangélisation
au continent, marqué par l’influence et la pensée du futur pape. Le modèle proposé
invite à sortir de l’enclos d’une Eglise autosuffisante pour atteindre toutes les
périphéries humaines, surtout dans les grandes mégapoles, et souligne l’option préférentielle
pour les pauvres. Cette assemblée apaisée, libre et participative, le pape François
l’a évoquée lors de cette même homélie, parlant d’un « grand moment d’Eglise », et
mettant l’accent sur un aspect qu’il affectionne : la richesse de la piété populaire,
comme expression spontanée du peuple de Dieu.
« Dans ce sanctuaire, où s’est
tenue la 5ème Conférence générale de l’Épiscopat de l’Amérique latine et des Caraïbes,
il y a six ans, s’est déroulé un fait très beau dont j’ai pu me rendre compte personnellement
: voir comment les évêques se sentaient encouragés, accompagnés et, dans un certain
sens, inspirés par les milliers de pèlerins qui venaient chaque jour confier leur
vie à la Vierge. Nous pouvons dire que le Document d’Aparecida est bien connu justement
à cause de cette imbrication entre les travaux des pasteurs et la foi simple des pèlerins,
sous la protection maternelle de Marie. »
Le Pape François embrasse la statue
de la Vierge
Dans une brève allocution, l’archevêque d’Aparecida a rappelé
que ce sanctuaire est une icône religieuse nationale. En le visitant, vous visitez
symboliquement tout le Brésil – a-t-il dit à l’adresse du pape François. Le cardinal
Damasceno a par ailleurs insisté sur l’importance pour l’Eglise de s’engager aux côtés
et d’être pauvre pour évangéliser. Pour assister à la messe, des milliers de personnes
avaient passé la nuit dehors malgré le froid.
Dès son arrivée au Sanctuaire
d’Aparecida, le Pape s’était rendu dans la Salle de douze apôtres pour prier devant
la statuette en terre cuite retirée des eaux d’un fleuve au début du 18° siècle et
lui rendre un hommage floréal. Avant de l'embrasser tendrement.