En Inde, des enfants victimes des problèmes d'hygiène
En Inde, la semaine dernière, les conditions d’hygiène dans une école ont coûté la
vie à vingt-trois enfants âgés de 4 à 12 ans, dans l’Etat du Bihar, dans le nord-est
du pays. Des dizaines d’élèves étaient tombés malades après avoir mangé mardi 16
juillet, un plat de lentilles, de pommes de terre et de riz. Un repas offert par le
pays, comme il s’est engagé à le faire tous les jours pour 120 millions d’enfants.
Ainsi, l’Inde espère attirer les plus pauvres à l’école.
Un puissant insecticide
a été retrouvé dans l’huile utilisée pour préparer le plat des enfants, selon un rapport
médical publié ce week end. Dès le lendemain, des dizaines de milliers d’élèves ont
refusé de manger à l’école. Ce drame a ébranlé la confiance des Indiens dans leur
programme de restauration scolaire gratuite, le plus important du monde, qui permet
souvent aux enfants de prendre leur seul repas de la journée.
Les empoisonnements,
« ce sont des choses qui arrivent », explique Brigitte Sébastia, chercheur à l’Institut
français de Pondichéry et membre associé du Centre d’études de l’Inde et de l’Asie
du Sud. « On est aussi dans des pays où la température est très élevée. Si la nourriture
a été préparée un peu trop tôt, ça peut tout à fait être une cause d’intoxication.
»
"La sécurité alimentaire n'apportera rien"
Brigitte Sébastia
précise que la loi sur la sécurité alimentaire, adoptée le 4 juillet dernier, n’aura
aucun impact sur l’hygiène. Cette loi doit notamment permettre de distribuer chaque
mois de la nourriture gratuite à 800 millions de personnes. Trois quarts des habitants
des campagnes et la moitié de ceux des villes recevront ainsi moins de cinq kilos
de riz ou de blé. « Elle va toucher essentiellement les problèmes des céréales. Il
faudrait plutôt parler de la question agricole. Tant que vous ne changerez pas la
politique agricole, vous n’améliorerez pas la sécurité alimentaire. »
L’Inde
devrait ainsi développer la culture des légumes et des légumineuses. Mais cela ne
va pas arriver tout de suite : « parce que ça ne rapporte pas ! C’est plus facile
de développer du riz et du blé à grande échelle, de les subventionner pour que les
prix restent stables et de ce fait assurer les stocks. »
Est-ce que l’Inde
pourra résoudre le problème de l’hygiène ? « Peut-être sur la longue distance mais
dans l’état actuel la sécurité alimentaire n’apportera rien », indique Brigitte Sébastia.
Des ONG, des universitaires ou encore des agriculteurs travaillent sur cette problématique
depuis plusieurs années.
Brigitte Sébastia, chercheur à l’Institut français
de Pondichéry et membre associé du Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud,
interrogée par Audrey Radondy