2013-07-15 14:58:47

Bangladesh : crainte de violences après la condamnation d'un leader musulman


Au Bangladesh, Ghulam Azam, le chef spirituel du plus grand parti islamiste du pays, le Jamaat-e-Islami, a été condamné lundi 15 juillet à 90 ans de prison pour des atrocités commises sous sa responsabilité lors de la lutte pour l'indépendance du pays contre le Pakistan en 1971. Le Tribunal international des crimes de Dacca l'a reconnu "supérieurement responsable" d'avoir été l'instigateur de milices soutenant l'armée pakistanaise, lors de ce conflit qui a fait trois millions de morts selon les chiffres officiels.

Un tribunal controversé

Le Tribunal international des crimes a été mis en place en mars 2010 par le gouvernement qui affirme que ces procès sont nécessaires pour cicatriser les plaies encore vivaces de la guerre d'indépendance. Mais le Jamaat-e-Islami accuse le pouvoir d'avoir créé ce tribunal pour des motifs politiques, la plupart des personnes poursuivies appartenant à l'opposition. L'organisation Human Rights Watch a aussi critiqué des procédures ne respectant pas les critères internationaux.

Ce verdict est le cinquième prononcé par l'ICT depuis 2010. Trois islamistes ont été condamnés à la peine capitale tandis qu'un autre dirigeant a été condamné à une peine d'emprisonnement à vie. Il risque de provoquer la colère des musulmans déjà mobilisés ces derniers temps, notamment contre leur concitoyen ne partageant pas leur confession.

Récurrence des attaques contre les non-musulmans

Récemment, l’AED, -Aide à l’Eglise en détresse-, s’inquiétait d’ailleurs des tensions persistantes au Bangladesh. Depuis plusieurs mois maintenant, des attaques visent, les communautés chrétiennes et bouddhistes, largement minoritaires, dans un pays à 90% musulman.

« Dans le diocèse de Dinajpur, au nord-ouest du pays, des catholiques ont été attaqués à plusieurs reprises par des groupes musulmans », confirme Véronique Vogel, responsable des projets de l’AED en Asie. Selon l’évêque de Dinajpur, Mgr Sebastian Tudu, une mission dans la localité de Bulakipur a même été placée sous la protection d’une trentaine de policiers.
Au-delà de ces attaques, obéissant souvent à des raisons somme toute prosaïques comme l'accaparement des terres par exemple, c’est bel et bien l’influence islamiste, de plus en plus prégnante, qui suscite les préoccupations.

L’éclairage de Marc Fromager, directeur d’AED-France, interrogé par Manuella Affejee RealAudioMP3

Photo : des activistes anti Ghulam Azam à Dacca ce lundi







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