Présidentielle au Zimbabwe : les libertés politiques restreintes selon Amnesty
Le spectre des violences post-électorales de 2008 ressurgit au Zimbabwe. Amnesty International
a publié un rapport ce vendredi sur l’élection présidentielle qui se déroulera le
31 juillet prochain. Rapport dans lequel l’organisation de défense des droits de l’Homme
souligne un climat de restriction des libertés politiques.
Le scrutin voit
s’affronter le président sortant Robert Mugabe, au pouvoir depuis l’indépendance en
1980, et son Premier ministre, Morgan Tsvangirai, les deux candidats d’il y a cinq
ans. Comme à l’époque, le climat est tendu et les actes d’intimidation envers les
candidats ou les partisans du chef du gouvernement et chef du MDC ( Mouvement pour
un changement démocratique) se multiplient à l’approche de l’élection. C’est ce
que relève Amnesty dans son rapport sur lequel revient Quentin Ferral, coordinateur
pour l’Afrique australe à Amnesty France. Il est interrogé par Xavier Sartre
«
Amnesty International a mené depuis 2008 une quinzaine d’enquêtes sur le terrain,
interrogeant des militants des droits de l’Homme, des autorités officielles et des
journalistes. Nous constatons que depuis l’adoption de la Constitution, il y a de
nombreuses intimidations de la part des forces de sécurité qui entravent le travail
des ONG locales », explique-t-il. Des militants sont ainsi arrêtés et retenus au poste
de police pendant quelques heures, sans que des poursuites pénales soient nécessairement
entreprises. Des locaux d’organisations ont été visités par des policiers ou des membres
des forces de l’ordre afin de « dissuader ces militants de faire leur travail ou de
dissuader même les électeurs de se rendre aux urnes ».
Police et armée aux
mains de Mugabe
Cet état de fait que dénonce Amnesty International montre
bien que l’essentiel de l’appareil sécuritaire du Zimbabwe est demeuré dans les mains
de Robert Mugabe et de ses partisans. Morgan Tsvangirai, pourtant chef du gouvernement
depuis la fin de la crise politique post-électorale, n’est pas parvenu à contrebalancer
l’influence de celui préside aux destinées du pays d’une main de fer depuis trente-trois
ans.
Face aux craintes de nouvelles irrégularités lors du vote, Amnesty International
appelle les observateurs africains de la SADC, la Communauté de développement des
Etats d’Afrique australe, à ne pas vérifier que les opérations de vote mais de voir
ce qui se passe dehors pour s’assurer que tous les électeurs aient la possibilité
de voter.
De son côté, l’Union européenne, qui « aurait voulu davantage de
réformes » avant les élections, lèvera ses sanctions contre le régime zimbabwéen si
le scrutin est validé par les observateurs régionaux. C’est ce qu’a fait savoir l’ambassadeur
de l’UE, Roland van de Geer ce vendredi depuis l’Afrique du Sud. Il a réclamé des
réformes notamment dans les secteurs de l’armée et de la police, points sensibles.