Irlande : Le parlement légalise l'avortement en cas de danger pour la mère
Après des discussions marathons sur 165 amendements, l’Irlande a révisé sa loi sur
l’avortement. A 127 voix contre 31, les parlementaires irlandais ont autorisé l’IVG
la nuit dernière, si la vie de la mère est en danger. Les explications de Marie
Duhamel
En
octobre dernier, une jeune femme décédait à l’hôpital de Galway des suites de sa fausse
couche, les médecins ayant refusé de la faire avorter. Sa mort avait suscité une vague
d’indignation et le premier ministre irlandais Enda Kenny, un centriste du Fine Gael,
avait alors accéléré le processus législatif sur l’avortement. Il est maintenant autorisé
seulement si la grossesse constitue un « risque réel et substantiel » pour la vie
de la mère, certifié par les médecins. Autre condition restrictive : en cas de risque
de suicide de la mère, l’avis unanime d’un obstétricien et de deux psychiatres sera
requis.
Pour l'Eglise, l'avortement ne peut jamais être justifié moralement
Dès
le lancement de ce projet de loi, fin 2012, l'Eglise a exprimé son opposition. Mgr
John Buckley, évêque de Cork et Ross, avait affirmé que « l’avortement est la menace
la plus grave pour les droits de l’homme ». Les quatre archevêques catholiques d’Irlande:
le cardinal Sean Brady, archevêque d’Armagh, Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin,
Mgr Dermot Clifford, archevêque de Cashel et Emly, et Mgr Michael Neary, archevêque
de Tuam ont écrit pour leur part que la dépénalisation de l’avortement « ouvrirait
la voie à des meurtres directs et intentionnels d’enfants à naître. Cela ne peut jamais
être justifié moralement, quelles que soient les circonstances ». Mgr Brendan Leahy
est le nouvel évêque de Limerick en Irlande :
« L’Eglise naturellement,
son devoir c’est de promouvoir le bien commun. Nous sommes vraiment préoccupés par
le fait que l’avortement soit introduit dans l’appareil législatif. C’est la première
fois que cela arrive en Irlande. Les gens bien sur disent que c’est très limité mais
on sait quand on regarde les pays du monde entier qu’une fois qu’on introduit l’avortement
dans la loi, la situation s’aggrave dramatiquement. On est très inquiet pour les enfants
à naître. »
Le texte doit encore être avalisé par la chambre haute du parlement.
Il s’agit d’une question de forme puisque le premier ministre y a la majorité. Y a-t-il
donc des recours possible pour l’Eglise ? La réponse de Mgr Leahy :
« Notre
préoccupation principale c’est de défendre la vie et on continuera à se mobiliser.
C’est là où nous devons nous situer. Nous défendrons toujours la vie.. après… On verra
quelles seront les interprétations faites de cette loi. Certains parlementaires affirment
qu’il y a un doute sur la constitutionnalité de ce texte. Je pense que beaucoup d’Irlandais
voudront savoir où cela conduira. »
Ce texte divise en effet la société
Irlandaise au parlement et dans la rue. La nuit dernière la ministre aux Affaires
européennes Lucinda Cerighton a voté contre la majorité en revendiquant l’objection
de conscience. elle sera exclue du gouvernement et de sa formation parlementaire.
Quant à la rue, le 6 juillet, 35 000 personnes défilaient encore à Dublin pour s’opposer
à ce qui était encore un projet de loi. (avec agences)