Les participants à la rencontre des Secrétaires et Directeurs nationaux des Caritas
de la région Afrique, qui se sont réunis à Nairobi, au Kenya, du 1er au 5 juillet,
ont exprimé leur « indignation face aux souffrances infligées à la population civile
innocente ». Dans un document, envoyé à l’Agence Fides, ils disent saluer et soutenir
« les efforts courageux et prophétiques entrepris par l’Eglise en République centrafricaine
afin de redonner espoir aux populations dans la souffrance et prévenir l’extension
de cette crise ».
Les Caritas africaines, réaffirment leur solidarité au peuple
centrafricain et lancent un appel aux institutions internationales (ONU, Union africaine,
Union européenne) pour qu’elles mettent immédiatement un terme à cette situation.
Elles demandent par ailleurs aux Evêques, réunis du 8 au 15 juillet à Kinshasa dans
le cadre de l’Assemblée plénière du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique
et de Madagascar (SCEAM), d’affronter cette question avec les Evêques centrafricains
et d’autoriser le lancement de collectes de dons au sein des Eglises afin d’aider
les populations centrafricaines.
Cinq ONG françaises ont par ailleurs dénoncé
mardi l'« abandon » de la Centrafrique. Dans un communiqué commun, Médecins sans frontières
(MSF), Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Première urgence-Aide
médicale internationale (PU-AMI) et Solidarités International (SI), fustigent « l'insuffisance
de la présence des Nations unies sur le terrain et le manque de financement par la
grande majorité des bailleurs de fonds », dont certains « conditionnent leurs financements
à une réinstauration de la sécurité ». Un statu quo que les ONG qualifient « d’aussi
incompréhensible qu'inacceptable ».
Menace de crise alimentaire
La
pénurie alimentaire menace, préviennent les ONG françaises. « En 2012, les récoltes
n'ont pas été bonnes » et « les réserves sont peu importantes » et elles ont « souvent
été pillées, soit par des nomades, soit par la rébellion Séléka qui a pris le pouvoir
en mars dernier et multiplie depuis les exactions (pillages, rackets, viols, meurtres)
».
Thierry Mauricet, directeur général de PU-AMI, estime que « 147.000 personnes
sont déjà en restriction alimentaire sévère », sur 4,5 millions d'habitants. Alain
Coutand d'ACF, indique pour sa part que « le nombre d'enfants admis dans les centres
nutritionnels de l’organisation a doublé » par rapport à 2012.
Pour André
Munger, de MSF « La communauté internationale doit considérer la Centrafrique
comme une de ses priorités (...) la situation est pire qu'elle n'a jamais été ». Dans
un rapport séparé publié également mardi, MSF estime que « le coup d'Etat a plongé
la RCA dans le chaos ». André Munger est interrogé par Audrey Radondy :
Des institutions
publiques pillées
« Des pillages et attaques se produisent encore aujourd'hui
dans la capitale. Les bâtiments publics, les ministères, les écoles, les hôpitaux
ainsi que des maisons particulières ont été pillés et saccagés », selon l’ONG. « Le
système de santé n'a pas été épargné. Les structures du ministère de la Santé ont
été pillées, et les médicaments, les outils de diagnostic, les archives des patients
et même le mobilier ont été volés. La plupart du personnel médical s'est enfui en
province ».
Dans un pays où le système de santé était dans un piteux état
après des années de troubles et de crises à répétition, « le système d'approvisionnement
en médicaments déjà défaillant est désormais totalement inexistant », s'alarme MSF.
(Avec les agences Fides et AFP)
(Photo : rebelles de la Séléka dans
la capitale Bangui)