2013-07-10 12:12:32

Chaos en Centrafrique : la population abandonnée


Les participants à la rencontre des Secrétaires et Directeurs nationaux des Caritas de la région Afrique, qui se sont réunis à Nairobi, au Kenya, du 1er au 5 juillet, ont exprimé leur « indignation face aux souffrances infligées à la population civile innocente ». Dans un document, envoyé à l’Agence Fides, ils disent saluer et soutenir « les efforts courageux et prophétiques entrepris par l’Eglise en République centrafricaine afin de redonner espoir aux populations dans la souffrance et prévenir l’extension de cette crise ».

Les Caritas africaines, réaffirment leur solidarité au peuple centrafricain et lancent un appel aux institutions internationales (ONU, Union africaine, Union européenne) pour qu’elles mettent immédiatement un terme à cette situation. Elles demandent par ailleurs aux Evêques, réunis du 8 au 15 juillet à Kinshasa dans le cadre de l’Assemblée plénière du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), d’affronter cette question avec les Evêques centrafricains et d’autoriser le lancement de collectes de dons au sein des Eglises afin d’aider les populations centrafricaines.

Cinq ONG françaises ont par ailleurs dénoncé mardi l'« abandon » de la Centrafrique. Dans un communiqué commun, Médecins sans frontières (MSF), Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Première urgence-Aide médicale internationale (PU-AMI) et Solidarités International (SI), fustigent « l'insuffisance de la présence des Nations unies sur le terrain et le manque de financement par la grande majorité des bailleurs de fonds », dont certains « conditionnent leurs financements à une réinstauration de la sécurité ». Un statu quo que les ONG qualifient « d’aussi incompréhensible qu'inacceptable ».

Menace de crise alimentaire

La pénurie alimentaire menace, préviennent les ONG françaises. « En 2012, les récoltes n'ont pas été bonnes » et « les réserves sont peu importantes » et elles ont « souvent été pillées, soit par des nomades, soit par la rébellion Séléka qui a pris le pouvoir en mars dernier et multiplie depuis les exactions (pillages, rackets, viols, meurtres) ».

Thierry Mauricet, directeur général de PU-AMI, estime que « 147.000 personnes sont déjà en restriction alimentaire sévère », sur 4,5 millions d'habitants. Alain Coutand d'ACF, indique pour sa part que « le nombre d'enfants admis dans les centres nutritionnels de l’organisation a doublé » par rapport à 2012.

Pour André Munger, de MSF « La communauté internationale doit considérer la Centrafrique comme une de ses priorités (...) la situation est pire qu'elle n'a jamais été ». Dans un rapport séparé publié également mardi, MSF estime que « le coup d'Etat a plongé la RCA dans le chaos ». André Munger est interrogé par Audrey Radondy : RealAudioMP3

Des institutions publiques pillées

« Des pillages et attaques se produisent encore aujourd'hui dans la capitale. Les bâtiments publics, les ministères, les écoles, les hôpitaux ainsi que des maisons particulières ont été pillés et saccagés », selon l’ONG. « Le système de santé n'a pas été épargné. Les structures du ministère de la Santé ont été pillées, et les médicaments, les outils de diagnostic, les archives des patients et même le mobilier ont été volés. La plupart du personnel médical s'est enfui en province ».

Dans un pays où le système de santé était dans un piteux état après des années de troubles et de crises à répétition, « le système d'approvisionnement en médicaments déjà défaillant est désormais totalement inexistant », s'alarme MSF. (Avec les agences Fides et AFP)

(Photo : rebelles de la Séléka dans la capitale Bangui)







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