Le pape appelle les migrants de Lampedusa à prier avec lui
Des « immigrants morts en mer, sur ces barques qui ne sont pas un chemin d’espoir,
mais un chemin de mort » : cette « pensée revient toujours comme une épine dans le
cœur, porteuse de souffrance ». Dans son homélie, lors de la messe à Lampedusa, le
pape François explique les raisons de sa visite : « j’ai senti que je devais venir
ici aujourd’hui pour prier, pour réaliser un geste de proximité, mais aussi pour réveiller
nos conscience pour ce qui est arrivé ne se répète plus. Pour que cela ne se répète
pas, s’il vous plaît ! »
« Je vous remercie pour l’accueil. Nous prierons les
uns pour les autres, et pour ceux qui ne sont plus là » a lancé le pape François,
à Lampedusa lundi matin, pour sa première visite hors de Rome. Des migrants l'ont
accueilli, puis remercié pour sa visite, et ont attiré son attention sur leur situation.
Le pape accueilli par les migrants
Ils racontent qu'ils sont
arrivés sur l'île après avoir beaucoup souffert, après avoir fui leur pays pour des
raisons économiques et politiques. Ils reviennent sur les «obstacles »rencontrés, comme les « trafiquants qui les ont enlevés ». Ils ont demandé l'aide
du Saint-Père, comme celle d'autres pays européens, avant de remercier Dieu.
Débarqué
sur l'île de Lampedusa à 9h30 lundi matin, le pape François, très souriant, a salué
des migrants adolescents, venus l'accueillir. Peu avant, sur un bateau des gardes
côtes italiens, il a lancé à la mer une couronne de fleurs, en mémoire des migrants
morts lors de leur traversée en mer, après avoir prié pendant quelques minutes. Il
est arrivé vers 9h près de cette île de la Mer Méditerranée située au large de la
Sicile et à une centaine de kilomètres de la Tunisie.
Porte d’entrée du territoire
européen pour des centaines de milliers de migrants en quête d’un avenir meilleur,
la petite île de 20 km2 n’offre souvent pas d’autre perspective que de poser le pied
sur le sol italien pour déposer une demande d’asile auprès de l’Italie et de l’Union
européenne. Les réfugiés arrivent souvent sur des embarcations de fortune, de vieux
bateaux de pêche ou des bateaux pneumatiques surchargés, à l’issue d’un périple dangereux
et exténuant. 40 personnes sont mortes lors de la traversée depuis le début de l’année
2013.
Une messe et une couronne de fleurs jetée à la mer
Pour
rendre hommage à toutes ces victimes, le Pape François jettera une couronne de fleurs
à la mer et présidera une messe dans un stade de l’île, muni d’une croix faite de
débris des radeaux des migrants. François se rendra également sur le quai du port
de Lampedusa, avant de rencontrer une cinquantaine de migrants, dont certains de religion
musulmane et une partie de la population locale.
Le Pape encouragera les 6000
habitants permanents de l'île et en appellera à la responsabilité de tous pour veiller
à ce que l’on vienne en aide à ces frères et sœurs dans le besoin. François a souhaité
que cette visite se déroule de la façon la plus discrète possible, refusant d’être
accompagné de représentants politiques.
7 800 migrants depuis le début
de l'année
Les réfugiés de Lampedusa viennent principalement des régions
pauvres de l’Afrique (Somalie, Ethiopie) et des zones de conflit du Moyen-Orient (Irak,
Syrie, Afghanistan). En 2011, avec les printemps arabes, près de 50.000 personnes
avaient débarqué sur Lampedusa, venant de Libye et de Tunisie. Les autorités s’étaient
alors retrouvées complètement débordées.
Dimanche encore, à la veille de
la visite du Pape, une centaine de migrants ont été secourus par les autorités italiennes.
Depuis janvier 2013, 7 800 personnes sont arrivées sur l’île de Lampedusa, deux fois
plus que l’an dernier sur la même période.