A Lampedusa, le pape dénonce la «mondialisation de l'indifférence»
« Que Lampedusa soit un phare pour le monde entier, pour que tous aient le courage
d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure. » Ce sont les mots du pape François
pour son premier déplacement en dehors de Rome lundi matin à Lampedusa.
Les
précisions de Jean-Baptiste Cocagne :
Des « migrants
morts en mer, sur ces barques qui ne sont pas un chemin d’espoir, mais un chemin de
mort » : cette « pensée revient toujours comme une épine dans le cœur, porteuse de
souffrance ». Dans son homélie lors de la messe, le Pape a expliqué les raisons de
sa visite : « j’ai senti que je devais venir ici aujourd’hui pour prier, pour accomplir
un geste de proximité, mais aussi pour réveiller nos consciences pour que ce qui est
arrivé ne se répète plus. »
« Que cela ne se répète pas, s’il vous plaît
! », a insisté François.
« Qui est le responsable du sang de ces frères
et sœurs ? », a interpellé le Pape. « La culture du bien-être nous rend insensibles
aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais
qui ne sont rien. Elles sont l’illusion de la futilité, a poursui François, du provisoire,
qui mène à l’indifférence, plus encore, à la mondialisation de l’indifférence ».
Elles
mènent « à la mondialisation de l’indifférence » a martelé une seconde fois le Pape.
«
Caïn, où est ton frère ? »
« Ils cherchaient un meilleur endroit pour eux
et pour leur famille, mais ils ont trouvé la mort ». Pour dénoncer la situation dramatique
que vivent les migrants qui traversent la Méditerranée, le pape François s’est basé
sur deux questions tirées de l’Ancien Testament.
D’abord, la première que
Dieu pose à l’homme après le pêché : « Adam, où es-tu ? » « C’est un homme désorienté,
explique le pape, qui a perdu sa place dans la Création parce qu’il croyait devenir
puissant, pouvoir tout dominer, être Dieu. »
Dieu pose une seconde question
: « Caïn, où est ton frère ! » Pour le pape, ce « rêve » - « être Dieu » - mène vers
une succession d’erreurs et cela entraîne la mort. S’incluant lui aussi, François
affirme que nous sommes tous désorientés. « Nous ne sommes plus attentifs au monde
dans lequel nous vivons. Nous ne prenons plus soins de ce que Dieu a créé pour tous,
et nous ne sommes plus capables de prendre soin les uns des autres. »
François
a dénoncé la « culture du bien-être », qui nous fait penser seulement à nous-mêmes,
qui nous fait vivre dans une « bulle de savon ». « Nous sommes dans une société qui
a oublié ce que pleurer veut dire, qui a oublié la compassion », s’est indigné le
Pape.
« Qui a pleuré la mort de nos frères et sœurs ? Qui a pleuré pour ceux
qui étaient dans les barques ? » a-t-il interrogé, avant de terminer son homélie en
demandant au Seigneur de pardonner tous ceux qui, à l’échelle mondiale, ont provoqué
ces situations qui ont conduit à ces drames.
Le Pape prie Marie, « étoile
de la mer » qui guide les migrants
Au terme de la messe, le Pape a prié
la Madonne, « étoile de la mer », pour garantir aux familles de ceux qui « chaque
jour affrontent les dangers » des eaux, le minimum pour vivre. François a prié pour
que « la rencontre entre nos peuples ne se transforme pas en sources d'esclavage et
d’humiliations nouvelles »,
Il a enfin demandé la « conversion des cœurs de
ceux qui génèrent guerre, haine et pauvreté, qui exploitent leurs frères et leurs
fragilités, qui font de la vie humaine un commerce indigne ».