« Pour combattre la pauvreté, il faut bâtir une éthique universelle »
Pour s’éloigner du gouffre de la crise et de la pauvreté, il faut redécouvrir la Doctrine
sociale de l’Eglise et bâtir une éthique universelle : c’est l’avis du célèbre économiste
Jeffrey Sachs qui dirige l’Institut de la terre de l’Université Columbia. Il est intervenu
lundi au Vatican dans le cadre d’un congrès sur le thème : « Pauvreté, biens publics
et développement durable : les défis globaux du nouveau millénaire ». L’objectif était
de décrypter les liens entre pauvreté, crise écologique et récession économique.
Concrètement,
selon Jeffrey Sachs, il faut abolir les paradis fiscaux et transformer l’agriculture
intensive ainsi que les usines polluantes : « nous sommes dans une nouvelle ère mondiale
marquée par la menace de la pauvreté, l’exclusion sociale, les risques écologiques
et la mauvaise gouvernance. D’où l’urgence d’une éthique universelle partagée pouvant
s’appliquer aux politiques économiques, sociales et environnementales. Il faut réorienter
le système économique car la planète souffre, trouver des stratégies fondées sur des
ressources énergétiques plus sûres, de nouvelles techniques agricoles, de nouveaux
moyens de transports, une nouvelle organisation des villes. C’est le défi majeur et
il faut commencer tout de suite car cela prendra vingt ou trente ans. Mais les gouvernements
ne font rien. Tout le monde doit coopérer au respect de la création et aux forces
naturelles de la planète, penser aux générations futures. Mais en l’absence d’une
base morale, aucun accord global n’est possible. »
Dans son intervention,
le cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pontifical pour les Textes
législatifs a, quant à lui fustigé un monde qui se croit plus juste et équitable et
qui oublie une vaste portion de l’humanité, qui est incapable d’utiliser les ressources
naturelles de manière rationnelle, de favoriser une meilleure distribution des biens
de la terre, d’endiguer les conséquences dévastatrices du changement climatique, surtout
dans les régions les plus pauvres. Selon le cardinal, la pauvreté, un thème cher au
pape François, soulève des interrogations à caractère social, économique et moral.
Elle constitue un défi pour l’Eglise elle-même et pour les chrétiens appelés à un
style de vie plus sobre et à une plus grande attention aux moins fortunés.
Ces
interventions ont eu lieu à l’Académie pontificale des Sciences, dans le cadre d'un
événement organisé par l’Académie internationale pour un développement économique
et social (AIES) et l’agence de Demanio qui gère le patrimoine public italien, en
collaboration avec l’association catholique de sauvegarde de la Création Greenaccord
onlus, la conférence se tiendra.
(Photo : Une plage à Colombo au Sri-Lanka.
Selon les prévisions de la Banque Mondiale, le Sri-Lanka est l'un des pays les plus
menacés par le réchauffement climatique)