Cinq jours après la création d’une Commission consultative pour enquêter sur l'IOR,
l’Institut pour les Œuvres de Religions, qui gère notamment les comptes des dicastères,
des employés du Saint-Siège ou des nonciatures, voit deux de ses dirigeants donner
leurs démissions. Le comité de surveillance et la Commission cardinalice de l’institution
financière les a acceptées. L’Autorité d’Information Financière a été informée de
ces départs. La Commission spéciale crée le 26 juin dernier a, elle, « pris acte de
cette décision ».
Paolo Cipriani et Massimo Tulli travaillaient pour l'IOR
depuis de nombreuses années, le premier en tant que directeur général, le second en
qualité de vice-directeur. Selon un communiqué publié hier soir par le Saint-Siège,
tous deux auraient jugé leur départ « dans le meilleur intérêt » de l’institution
financière du Vatican.
"Une nouvelle direction est nécessaire pour accélérer
la transformation de l'IOR"
Le président de l’établissement depuis le
mois de février dernier, le suisse Ernst Von Freyberg a salué « leur dévouement »
pendant toutes ces années et les a indirectement remercié pour le travail accompli.
« Depuis 2010, l'IOR et sa direction ont travaillé sérieusement pour que les structures
et les procédures soient en ligne avec les standards internationaux en matière de
lutte contre le blanchiment d’argent ». S’il parle de gratitude, le président de l'IOR
ne s’en contente pas.
« Aujourd’hui, il est clair que nous avons besoin d’une
nouvelle direction pour accélérer le rythme de ce processus de transformation ». L’appel
à candidature est lancé. Selon le communiqué publié lundi soir, le Conseil de surveillance
de l'IOR a initié le processus de sélection et espère trouver deux nouveaux responsables
dans un futur prochain.
Ernst von Freyberg nommé directeur par intérim
D’ici
là, c’est le président de l'IOR qui assure l’intérim. Ernst von Freyberg devient directeur
général par intérim. Il sera appuyé par deux Italiens qui ont fait leur preuve à l’étranger.
Il s’agit « d’excellents professionnels », a affirmé Ernst von Freyberg lundi soir.
Rolando Maranci, ancien président (chief operating officer) dans une banque italienne
à Londres, devient vice-directeur. Quant à Antonio Montaresi qui travailla pour diverses
établissements bancaires aux Etats Unis, il devient « chief risk officer », responsable
en chef des risques.
On note également que le poids de Promontory Europe, une
société de conseil financier et anti recyclage qui travaille avec l'IOR depuis le
mois de mai à la demande du Conseil de surveillance, se renforce. Le président de
l'IOR, Ernst Von Freyberg a demandé à Elisabeth McCaul et Raffaele Cosimo de devenir
ses conseillers principaux. Elle est partner-in-charge du bureau de New York et chef
exécutif de Promontory Europe. Lui est le président (chief operating officer) de Promontory
Europe.
Le pape a créé une commission spéciale pour réformer le IOR
Ces
démissions interviennent alors que le pape François a institué le 26 juin dernier,
une commission consultative sur l’IOR, l’Institut pour les œuvres de religions, autrement
dit une commission chargée de mener une enquête approfondie en vue d’une éventuelle
réforme. Cette commission spéciale n’est pas chargée de superviser l’IOR – a précisé
le directeur du bureau de presse - mais de recueillir des informations. Le Saint-Père
souhaite mieux connaître la situation juridique et les activités de l’IOR pour mieux
l’harmoniser avec la mission universelle du Siège Apostolique. L’objectif est donc
de rendre l’IOR plus conforme aux exigences de l’Eglise.
Le rôle de cette
commission devra rassembler des informations sur la marche de l’IOR et présenter ses
conclusions directement au Souverain Pontife, probablement vers le mois d’octobre.
D’ici là, l’IOR continuera de fonctionner conformément aux indications données par
Jean-Paul II en 1990, pour adapter l’Institut aux signes des temps. L’institution
d’une telle commission – précise-t-on encore – intervient dans le contexte plus général
des réformes auxquelles les Institutions du Siège Apostolique devront procéder si
nécessaire.
Le pape veut y voir clair
La nouvelle commission
de travail, qui bénéficie d’une marge de manœuvre considérable, est présidée par un
cardinal italien à la retraite, Raffaele Farina, historien salésien, ancien archiviste
et bibliothécaire de la Sainte-Eglise romaine, connu pour sa discrétion et son caractère
affable. Parmi les cinq membres de la nouvelle Commission figure un cardinal français,
Jean-Louis Tauran, fin diplomate, actuellement président du Conseil pontifical pour
le dialogue interreligieux, ainsi que l’assesseur pour les affaires générales de la
Secrétairerie d’Etat, Mgr Wells.
Signe de l'importance donnée au travail de
cette commission, le pape François l'a instituée en l'accompagnant d'un chirographe,
un document signé de sa propre main daté du 24 juin. Dans cette lettre, il dit vouloir
ainsi répondre à une invitation de son prédécesseur. Benoît XVI avait souhaité que
les principes de l’Evangile soient également appliqués aux activités économiques et
financières du Saint-Siège. Le pape François a beaucoup consulté avant de prendre
sa décision. Il veut y voir clair. Il y a quelques jours il avait nommé un homme de
confiance au poste de prélat de l’IOR, vacant depuis de nombreux mois. Tous les bureaux
sont invités à collaborer avec la nouvelle commission, sans crainte et dans un esprit
de transparence. La commission sera dissoute une fois son travail terminé.