2013-06-21 15:31:00

Le mouvement de contestation brésilien inquiète les JMJ


La vague de protestations qui secoue le Brésil commence à inquiéter les organisateurs des JMJ, alors que des centaines de milliers de jeunes sont attendus dans un mois à Rio de Janeiro, du 23 au 28 juillet.

« Le Saint-Siège suit avec grande attention ce qui se passe au Brésil », selon une déclaration samedi du directeur adjoint de la salle de presse du Vatican le Père Ciro Benedettini.

Si les évêques brésiliens affichent leur solidarité avec ceux qui manifestent contre la corruption, l'impunité et le manque de transparence, en particulier les jeunes, « rien ne justifie la violence et la destruction, pour que tout se développe de façon pacifique ».

L’archevêque de Rio, Mgr Orani Tempesta, se veut cependant rassurant. Selon lui, la colère des Brésiliens n’affectera en rien le déroulement des Journées mondiales de la Jeunesse, un événement positif pour les jeunes qui portent des valeurs chrétiennes et qui veulent eux aussi changer le monde.

Mgr Orani a demandé aux autorités brésiliennes des garanties supplémentaires quant à la sécurité du pape François et des quelques deux millions de pèlerins attendus. D’autant, souligne-t-il, qu’il y a des casseurs infiltrés qui fomentent la violence contre la police et contre les biens publics, suscitant une vive inquiétude au sein de la population.

Une église vandalisée

Ainsi, l’église Sao José, voisine du parlement de l’Etat de Rio de Janeiro, a été vandalisée le 17 juin par quelques personnes, en marge des manifestations. Or, cet édifice doit recevoir des pèlerins lors des JMJ. Les autorités affirment avoir recensé toutes les églises situées près d’édifices publics sensibles et commencé à travailler sur des alternatives pour le logement des pèlerins qui doivent normalement y être hébergés.

Sur la toile, les critiques commencent également à pleuvoir sur le coût des JMJ, depuis la publication d’un article polémique du journal O Globo. Sur les réseaux sociaux, les interrogations portent notamment sur la participation financière de l’Eglise catholique à l’organisation de l’évènement.

A noter que l’Eglise n’est pas hostile au mouvement. Ainsi l’archevêque de Sao Paulo constate que les manifestations qui se déroulent actuellement expriment des préoccupations croissantes et une prise de conscience collective. Il espère que la voix de la rue sera entendue et comprise.

Les autorités sous pression

Au lendemain de manifestations historiques et émaillées de violences, les autorités brésiliennes se retrouvaient vendredi pressées de répondre à la fronde sociale qui ébranle le géant d'Amérique latine à un an du Mondial de football.

Selon les décomptes des médias, plus de 1,25 million de manifestants ont déferlé jeudi soir dans les rues de ce pays émergent, septième puissance économique mondiale, dont le « miracle économique » et social était vanté il y a encore peu dans le monde entier.

Les manifestants ont exprimé, souvent avec humour, parfois avec grande violence, le profond ras-le-bol de nombreux Brésiliens face à des services publics indigents, à la corruption de la classe politique et aux dépenses somptuaires - 11 milliards d'euros - engagées pour l'organisation du Mondial-2014 de football.

Convoquées sur les réseaux sociaux par des jeunes issus de la classe moyenne rejetant farouchement toute étiquette, ces manifestations, majoritairement pacifiques au départ, ont donné lieu à de nombreux affrontements avec la police et à des scènes de pillage. Un jeune homme de 18 ans renversé par une voiture a trouvé la mort. Des dizaines de manifestants ont été blessés, dont plusieurs grièvement.

Face à l'ampleur du mouvement, la présidence a d'abord annoncé l'annulation d'une visite d'État au Japon de Dilma Rousseff, programmée du 26 au 28 juin. La présidente de gauche a convoqué ses principaux ministres, dont celui de la justice Eduardo Cardoso, à une réunion de crise vendredi à Brasilia, selon les sites des trois principaux journaux du pays. Selon la Folha de Sao Paulo, les participants vont tenter de cerner les attentes des manifestants et évaluer la possibilité d'une adresse radiotélévisée de la présidente à la Nation.

Avec AFP

(Photo : lors d'une manifestation près de Rio de Janeiro, qui accueillera le JMJ en juillet, le 19 juin dernier)







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