Le mouvement de contestation brésilien inquiète les JMJ
La vague de protestations qui secoue le Brésil commence à inquiéter les organisateurs
des JMJ, alors que des centaines de milliers de jeunes sont attendus dans un mois
à Rio de Janeiro, du 23 au 28 juillet.
« Le Saint-Siège suit avec grande attention
ce qui se passe au Brésil », selon une déclaration samedi du directeur adjoint de
la salle de presse du Vatican le Père Ciro Benedettini.
Si les évêques brésiliens
affichent leur solidarité avec ceux qui manifestent contre la corruption, l'impunité
et le manque de transparence, en particulier les jeunes, « rien ne justifie la violence
et la destruction, pour que tout se développe de façon pacifique ».
L’archevêque
de Rio, Mgr Orani Tempesta, se veut cependant rassurant. Selon lui, la colère des
Brésiliens n’affectera en rien le déroulement des Journées mondiales de la Jeunesse,
un événement positif pour les jeunes qui portent des valeurs chrétiennes et qui veulent
eux aussi changer le monde.
Mgr Orani a demandé aux autorités brésiliennes
des garanties supplémentaires quant à la sécurité du pape François et des quelques
deux millions de pèlerins attendus. D’autant, souligne-t-il, qu’il y a des casseurs
infiltrés qui fomentent la violence contre la police et contre les biens publics,
suscitant une vive inquiétude au sein de la population.
Une église vandalisée
Ainsi,
l’église Sao José, voisine du parlement de l’Etat de Rio de Janeiro, a été vandalisée
le 17 juin par quelques personnes, en marge des manifestations. Or, cet édifice doit
recevoir des pèlerins lors des JMJ. Les autorités affirment avoir recensé toutes les
églises situées près d’édifices publics sensibles et commencé à travailler sur des
alternatives pour le logement des pèlerins qui doivent normalement y être hébergés.
Sur la toile, les critiques commencent également à pleuvoir sur le coût des
JMJ, depuis la publication d’un article polémique du journal O Globo. Sur les réseaux
sociaux, les interrogations portent notamment sur la participation financière de l’Eglise
catholique à l’organisation de l’évènement.
A noter que l’Eglise n’est pas
hostile au mouvement. Ainsi l’archevêque de Sao Paulo constate que les manifestations
qui se déroulent actuellement expriment des préoccupations croissantes et une prise
de conscience collective. Il espère que la voix de la rue sera entendue et comprise.
Les
autorités sous pression
Au lendemain de manifestations historiques et émaillées
de violences, les autorités brésiliennes se retrouvaient vendredi pressées de répondre
à la fronde sociale qui ébranle le géant d'Amérique latine à un an du Mondial de football.
Selon
les décomptes des médias, plus de 1,25 million de manifestants ont déferlé jeudi soir
dans les rues de ce pays émergent, septième puissance économique mondiale, dont le
« miracle économique » et social était vanté il y a encore peu dans le monde entier.
Les
manifestants ont exprimé, souvent avec humour, parfois avec grande violence, le profond
ras-le-bol de nombreux Brésiliens face à des services publics indigents, à la corruption
de la classe politique et aux dépenses somptuaires - 11 milliards d'euros - engagées
pour l'organisation du Mondial-2014 de football.
Convoquées sur les réseaux
sociaux par des jeunes issus de la classe moyenne rejetant farouchement toute étiquette,
ces manifestations, majoritairement pacifiques au départ, ont donné lieu à de nombreux
affrontements avec la police et à des scènes de pillage. Un jeune homme de 18 ans
renversé par une voiture a trouvé la mort. Des dizaines de manifestants ont été blessés,
dont plusieurs grièvement.
Face à l'ampleur du mouvement, la présidence a d'abord
annoncé l'annulation d'une visite d'État au Japon de Dilma Rousseff, programmée du
26 au 28 juin. La présidente de gauche a convoqué ses principaux ministres, dont celui
de la justice Eduardo Cardoso, à une réunion de crise vendredi à Brasilia, selon les
sites des trois principaux journaux du pays. Selon la Folha de Sao Paulo, les participants
vont tenter de cerner les attentes des manifestants et évaluer la possibilité d'une
adresse radiotélévisée de la présidente à la Nation.
Avec AFP
(Photo
: lors d'une manifestation près de Rio de Janeiro, qui accueillera le JMJ en juillet,
le 19 juin dernier)