2013-06-18 16:54:54

Un soutien plus concret et direct aux chrétiens du Proche-Orient


La 86° assemblée de la ROACO, Réunion des Œuvres d’aide aux Eglises Orientales, s’est ouverte mardi au Vatican. Une vingtaine d’agences catholiques d’une dizaine de pays occidentaux sont représentées ; elles écouteront avec attention les interventions de Mgr Zenari, nonce apostolique à Damas, de S.B Mgr Louis Raphaël Ier Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, et de S.B Ibrahim Isaac Sidrak, patriarche d’Alexandrie des coptes-catholiques, qui exposeront la situation des communautés chrétiennes dans leurs pays respectifs.

Comme à chacune de ces assemblées, la situation en Terre Sainte ne sera pas oubliée. On compte d’ailleurs la présence du délégué apostolique à Jérusalem, Mgr Giuseppe Lazzarotto ainsi que celle du père Pierbattista Pizzaballa, custode de Terre Sainte.

Nous avons rencontré S.B Mgr Louis Raphaël Ier Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens. Il revient sur la situation des chrétiens en Irak, sur le rôle majeur et « historique » qu’ils sont appelés à jouer, en faveur de la réconciliation et de la paix.
Il appelle surtout le Saint-Siège à un soutien plus concret et plus direct des chrétiens du Moyen-Orient.

On l’écoute, au micro de Manuella Affejee : RealAudioMP3


Retranscription de l'entretien :

Tout d’abord, le Saint- Siege a un rôle à jouer, pas seulement rester comme ça, à regarder les choses soit en Irak, soit maintenant en Syrie. La politique de l’Occident est tout à fait pour ces conflits-là parce qu’il y a ici des intérêts économiques et politiques. Mais pour nous chrétiens, nous n’avons que le St Siège, qui doit nous soutenir, et nous encourager à rester, mais pas seulement par des secours, mais aussi par des choses concrètes : aider à la réconciliation, et aussi dire que les chrétiens sont là depuis toujours, et ne sont un danger pour personne. (…) Ils ont un rôle à jouer, et je crois même que nos politiciens musulmans attendent quelque chose de plus actif, plus positif de la part du Saint-Siège, donc ça c‘est très important… Puis aussi le ROACO, ce n’est pas seulement aider ici et là, dans des cas d’émergences, mais il faut créer des petits projets surtout dans les petits villages chrétiens, pour donner plus d’espoir aux gens, et aider les gens à trouver un travail… Par exemple, améliorer l’agriculture : il y a beaucoup d’eau, beaucoup de terrains, et l’infrastructure… Ca aussi aidera les chrétiens à rester sur place, avec beaucoup plus d’espoir.

Vous insistez particulièrement sur le rôle des laïcs chrétiens… Tant dans le devoir de dialogue avec les musulmans, que dans le dialogue social, politique, également…pour résoudre la crise actuelle en Irak.

Je crois que c’est un ensemble… Donc il faut faire tout… Former un cadre politique, des politiciens chrétiens, qui peuvent jouer un véritable rôle, parce que ce que nous avons est faible… Des gens ici et là, qui sont membres des partis, qui n’ont pas beaucoup de formation et d’expérience, et là, ils ne peuvent pas changer, il n’y a pas d’impact. Mais s’il y a une classe bien formée, ils peuvent faire des miracles… Je crois.
J’ai invité tous les membres du gouvernement, du parlement , les chefs religieux à ce diner-là, et tous ont répondu ! Le Premier ministre était tout à fait touché, même les chefs religieux, qui ont dit «vous, vraiment, vous être autre chose»…
Cela veut dire que l’influence ne dépend pas du numéro : être majorité, ou minorité… Cela dépend de la préparation, et de la manière de faire. Il faut chercher une manière, qui peut faire bouger les hommes.

En gros, les chrétiens ont un rôle majeur à jouer pour l’avenir de l’Irak….

Moi je ne dis pas seulement de l’Irak… Peut-être en Irak, nous sommes beaucoup plus préparés (…) depuis plus de 10 ans de conflits et de guerre. Mais je crois aujourd’hui aussi que les autres chrétiens, c’est-à-dire en Syrie, en Egypte, au lieu de s’enfuir, il faut jouer leur rôle ! Et c’est un rôle historique… Nos pères ont joué ce rôle-là. Si nous restons un peu isolés, nous les chrétiens du Moyen-Orient, c’est fini, c’est fichu ! Mais si nous sommes unis, et si nous travaillons ensemble, -chaque pays a son particularisme-, je crois, on peut beaucoup faire.

Comment envisager le dialogue islamo-chrétien au Moyen-Orient aujourd’hui ? Est-ce que vous privilégiez de nouvelles approches, de nouvelles perspectives ?

Pour le dialogue avec les musulmans, je crois aussi, ça change maintenant. Moi, j’ai une longue expérience. Parfois on utilisait un peu le Coran, les données de l’Islam pour faire un dialogue islamo-chrétien. Aujourd’hui, eux, ils attendent de nous de présenter notre foi comme elle est, sans compromis, et sans chercher à la rendre, disons, un peu plus compatible à leurs concepts. Donc, dire, pour moi, comme chrétien, comment je crois que le Christ est Fils de Dieu ! Et non pas utiliser des versets coraniques, ou des mots de la tradition musulmane. Je crois aussi qu’il y a un travail à faire pour les théologiens, à faire des approches théologiques plus compréhensibles, pour les chrétiens orientaux, et les musulmans.








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